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30 April 2008

 

Mario Kart Wii 

Présent sur toutes les consoles Nintendo depuis la SNES, Mario Kart a débarqué sur la Wii, impossible de passer à côté.

Après la mouture GameCube qui déviait du concept original, le jeu revient au source. L'amateur des anciennes versions se retrouve immédiatement en terrain connu, ce n'est pas un nouveau jeu, juste l'adaptation sur Wii. Petite déception, on aurait voulu du nouveau. Mais y'en a du nouveau hurle la meute de fans accrochée au volant!

Le toute première impression sur la version Wii est donc la déception, les graphismes sont franchement pas top, seul quelques effets de flou dans les backgrounds et de petits effets de lumière ici et là affichent la différence. On aurait aimer un travail plus approfondi sur l'éclairage, les textures, mais en fait, Nintendo colle à son esthétique qui si par le passé était le résultat des limitations techniques est en fait devenu trademark. OK, c'est pas vraiment important de toute façon, dès que le départ est donné, on est dans la course, pas le temps de contempler le décor.

La culture Nintendo se taille d'ailleurs une bonne part dans le jeu avec le resuçage d'anciens circuits, bien souvent complétement obsolètes. C'est la vague du revival, du caressage de vieux gamer dans le sens du poil. Qui ne tire pas une larme de nostalgie en redécouvrant un circuit N64 sur lequel il a tant joué avec ses copains durant les années nonantes? Stop, arrêtons ça, le pire c'est qu'on remonte jusqu'à le SNES avec ses tracés plats, rectangulaires, sans intérêts comparé aux pistes pleines d'action de la nouvelle mouture. À l'heure où l'on peut downloader ces jeux sur la console virtuelle de la Wii, c'est vraiment du foutage de gueule d'asséner ces vieilleries aux joueurs qui sont déjà passés par là. Bon, c'est le pire, le quasi seul défaut du jeu.

Les nouvelles pistes, elles, dépotent. Elle donne la pleine mesure du potentiel du jeu qui est devenu bien plus dynamique. La conduite s'agrémente en plus d'un système de figures qui donnent du booster. Après un temps d'adaptation qui tient de la nano-seconde, voilà votre kart qui vole partout et tournoie dans les airs. Le passage à 12 concurrents ne change pas grand-chose si ce n'est qu'il y a parfois trop d'attaques simultanées, après trois éclairs dans le même tour, on se lasse.

L'arrivée des motos est aussi une bonne amélioration, d'ailleurs pourquoi reconduire un kart après avoir goûté à la moto? On note des incohérences sur certains points. Les pilotes légers semblent avantagés par rapport aux gros. Prenez Toad sur sa moto qui percute Bowser sur son kart et bien contre toute attente, Toad envoie Bowser valdinguer!! La possibilité de jouer avec des Miis est aussi très réjouissante. Impossible de ne pas se sentir flatté lorsqu'on voit son avatar se dandiner de bonheur après avoir passé la ligne en premier.

Et puis ce volant, argument marketing majeur visant le casual gamer, je ne suis pas du tout certain qu'il séduise les vieux habitués trop content de retrouver leurs contrôles précis et habituels grâce à la remote et au nunchuk. En effet, on manque de repères en tenant ce volant dans le vide et surtout, se retrouver à nouveau les deux mains sur le même objet est comme un recul par rapport au combo remote nunchuk.

Il semble impossible de posséder un Wii sans avoir Mario Kart, jeu dont l'intérêt ne diminue pas au fil des mois. Le mode online est un ajout de choix et semble fonctionner à merveille. Le bémol majeur concerne les vieux circuits qui à part ceux de la GameCube et de la DS sont vraiment trop vieux. Il n'y a qu'à comparer les trois Bowser Castle pour s'en rendre compte, le plus ancien semble vraiment venir de la préhistoire digitale. Le revival 8 bits, ça commence à bien faire, on a pas attendu toutes ces années que les choses évoluent pour retrouver des vieilleries.

26 April 2008

 

As Soon As #18 

As Soon As

Lucius #5

#17 - #16 - #15 - #14 - #13 - #12 - #11 - #10 - #9 - #8 - #7 - #6 - #5 - #4 - #3 - #2 - #1

La moto quitte Villumière laissant le décor urbain et lumineux se changer sans transition en désert lunaire, paysage mort et immobile, uniquement éclairé par le phare blanc de la machine et le halo bleuté de la Terre, presque sur l’horizon. Jezz ralentit et stoppe la moto sur le bas-côté. Need to pee. Elle fait quelques pas avant d’être avalée par l’obscurité. Dusk se dégourdit les jambes, il a mal partout, ne comprend rien à ce qui lui arrive mais sent qu’il doit se rendre au cratère de son rêve et retrouver cette femme, se souvenir de ce qu’elle lui a dit et voir s’il y a un rapport avec l’œuvre. Un monde, un vrai monde, est-ce possible ? Lucius n’a quand même pas pu…

Une main passe dans ses cheveux. Dusk se retourne. Jezz est là, tout près de lui, le regard magnétique. Elle se love contre Dusk, le maintenant par la taille. Dusk sent toutes ses tensions lâcher, son corps se fluidifie, la chaleur de Jezz se répand dans son être. Il l’embrasse. La douceur est indescriptible, n’appartenant qu’à eux seuls. Dusk enlace Jezz et l’embrasse avec amour, un amour soudain, intense, simple et vrai. Leurs corps ondulent sur un rythme intérieur. Un point de lumière bleue apparaît entre leurs cœurs et grandit par lentes vagues successives jusqu’à les englober en entier. Leurs lèvres se séparent. Un sourire dans le regard. Jezz dénoue son bandana, ses cheveux flottent comme en apesanteur, ils sont baignés de bleu. Dusk lui caresse la joue avec tendresse, elle lui mordille la lèvre supérieure et lui offre un autre baiser. L’onde bleue se propage plus loin, gagnant le ciel, s’enracinant dans le sol. Comme deux cordes tressées, liant le macrocosme et le microcosme.

Quand ils repartent sur la moto, leur peau mais aussi leur âme luisent de cette lumière particulière qui tient la création en un tout cohérent, une vibration, un son.

Caméra aérienne survolant un paysage fantastique, un cratère monumental, comme un trou énorme dans la surface de la Lune. Les parois évasées sont constituées d’un nombre incalculable d’anfractuosités, de replis, de surplombs, de cascades de rochers échoués là depuis des millénaires. Pas un souffle, pas une trace de vie, le fond est invisible, masqué par l’obscurité. Lorsque l’on ose s’asseoir sur ses bords, on peut perdre son regard dans les motifs créés par les roches et les ombres et percevoir des êtres fantasmagoriques, des fresques intangibles se transformant au moindre clignement de l’œil. C’est un paysage trop extrême que parcourt la caméra en longs travellings fluides, trop extrême pour attirer les curieux qui souvent ne réitèrent pas l’expérience de s’approcher du rebord pour plonger le regard dans le noir étrangement attirant. Un lieu de pouvoir qui laisse des marques dans l’esprit, le genre de marques que l’on préfère ne pas avoir.

Gros plan sur les chaussures de Dusk, près du rebord. C’est ici, j’ai rêvé que j’étais ici quand je l’ai rencontrée. Sure. Jezz le regarde d’un air qui la rend belle, who is she ? Je ne suis pas sûr, l’âme du lieu peut-être, c’était un rêve.

Sélène ! Le Comte, entouré de sa garde personnelle. Laïla à gauche, Raat à droite, une main sur ses épaules et Yoru dans ses bras plongeant la langue dans sa bouche avant de regarder Dusk d’un air gourmand. You saw Sélène and this place is the last thing you will see. Give it back. Dusk serre le sac contre lui, compte là-dessus. Well young man, I don’t think you have any other choice. La main gantée du Comte relève la jupe de Yoru jusqu’à la naissance des fesses. Yoru fixe Dusk, regard qui en dit long. Hey, ya bitch, who da fuck ya think ya are ? Jezz serre les poings, une main glissant imperceptiblement vers sa ceinture, le doigt touchant le manche d’une lame courbe glissée contre sa hanche. Elle serait jalouse la brunette ? Laïla ricane en se tapant la pose. Ce coup-ci je vais te botter le cul.

Les Dark Angels passent à l’attaque. Contre-plongée sur Dusk qui fait un pas pour s’éloigner du bord du cratère. Yoru saisit une lame à cran d’arrêt entre ses seins et la déploie d’un mouvement de poignet. Dusk a les cheveux qui crépitent comme sous l’effet d’un champ magnétique. Raat exécute un kata, tissant un oiseau fantomatique ressemblant à un vautour mort. Jezz bondit dans les airs, la caméra tourne autour d’elle, fixant sa pose. Lame courbe entre deux doigts. Laïla s’élance sur Jezz, un poing américain au creux de chaque main. Le Comte souille la réalité autour de lui, préparant un mauvais coup. Gros plan sur un scolopendre s’enroulant autour de sa cheville. Coup de feu.

STOP ! Que personne ne bouge, vous êtes en état d’arrestation. Tout le monde se fige sous l’effet de surprise. Fork et Philéas sont là, en retrait, armes sorties, prêts à tirer. Le Comte éclate de rire, piss off, it’s a private party. La caillasse se noircit, traçant une ligne fracturée depuis le Comte jusqu’aux flics. Philéas ferme les yeux, parait sur le point de s’écrouler, ses zébrures se mettent à scintiller, la ligne stoppe sa progression à quelques centimètres de Fork. Philéas hoquète, se plie en deux et murmure ça va aller.

Pendant ce temps, les autres s’observent sans oser le moindre mouvement, prêts à lâcher une attaque sur le premier qui bougera. Le vautour ressemble à un embryon malade, Raat l’a figé, le bras tendu, les doigts légèrement écartés. Laïla défie Jezz du regard, cambrée pour souligner les formes de son corps. Yoru fait une moue innocente, la lame au creux de la main, invitant Dusk à tomber sous son charme. Dusk sent une vibration dans le sac, comme si l’œuvre se réveillait, un appel, en provenance du cratère. Ouvre le sac, ouvre-le. La voix de Sélène au creux de l’oreille.

Deux points rouges apparaissent derrière les flics. Le Comte écarquille les yeux, you ? How dare you ? Traitor. Fork se retourne, l’Albinos est à un pas derrière lui. Une voix venant d’ailleurs, oui… Moi, cher Comte. Cette fois-ci, je ne peux accepter vos ordres, l’enjeu vous dépasse. Un glissement et l’Albinos est devant le Comte. Vous devez le laisser faire. L’Albinos désigne Dusk d’un mouvement de tête. Rentrez chez vous, continuez vos jeux décadents avec vos courtisanes et laissez les choses devenir ce qu’elles doivent être.

C’est de nous que tu parles, blanc-bec ? Deux traits de lumière rouge fusent des yeux de l’Albinos découpant le bustier de Laïla à des endroits stratégiques. Le tissu glisse sur ses hanches. Laïla, apparemment ravie d’avoir enfin sa scène érotique, se campe dans une attitude arrogante, ne cherchant nullement à se couvrir les seins qui sont, il faut l’avouer, de toute beauté. Je vais fracasser ta tête d’anémique. Enough Laïla. Le Comte fulmine, contenant avec de plus en plus de mal la rage qui monte en lui. This world is mine.

La main de Philéas tremble, il se cramponne à son arme. Fork lui dit du calme. Je gère. Mon cul, tout ça nous dépasse, ce type peut nous couper en tranches en moins d’une seconde. Il l’aurait déjà fait. Il nous a amenés ici pour qu’on soit témoins. Fork baisse son arme et pose la main sur l’épaule de Philéas. Regarde le mec, là-bas. Dusk, que plus personne n’observe étant donné ce qui se passe entre l’Albinos et le Comte est en proie à une drôle de sensation.

Une onde d’énergie monte en lui, le long de sa colonne vertébrale, emplissant ses chakras un à un. Ses yeux deviennent complètement bleus, d’un bleu pur, sans dimension. L’œuvre vibre dans ses mains, le sac se dissout et tombe en lambeaux à ses pieds. Jezz, étrangement hypnotisée par la poitrine de Laïla s’aperçoit enfin de ce qui se passe, elle sourit. Un œuf de lumière bleu entoure Dusk et l’œuvre, il s’élève lentement dans les airs. La sphère transparente tourne au-dessus du socle, des effets de coriolis déforment sa surface.

L’Albinos a le regard planté dans les yeux du Comte, casse-toi, t’as plus rien à faire ici. Il semble lui aussi gagner de la puissance, grandir, à moins que cela ne soit le Comte et les Dark Angels qui rapetissent. Yoru qui contemple Dusk pousse un soupir, comme il est beau. Raat oublie son vautour atrophié qui se blottit contre un tas de cailloux inégaux avant de disparaître complètement. La lumière bleue baigne maintenant toute la scène, le cratère derrière émet une réponse, une vibration qui se ressent au cœur du corps. La lumière s’écoule dans le cratère, faisant étinceler les roches. Des millions de paillettes argentées.

Dusk ne perçoit plus ce qui l’entoure, il est dans le monde des cordes. Sans vraiment comprendre ce qu’il fait, il tisse de nouvelles connections, arrange la trame, guérit les portions malades, flétries. Il a seulement conscience de Jezz, près de lui, en lui, de l’amour qu’il ressent pour elle. Jezz est là complétant son travail, y apportant une vibration qui produit conjointement avec la sienne de puissantes harmoniques.

L’univers, la création est un tout. Les notions de temps et d’espace ne sont que des déformations produites par l’esprit pour s’ancrer dans la réalité. Il existe bien d’autres facteurs, bien d’autres subtilités auxquels bien peu ont accès. Le visage du Clown apparaît brièvement en surimpression sur le fond de molécules galactiques. Chaque point contient le tout. Subitement, la création s’enrichit de nouvelles données. La trame se modifie, un peu, juste un peu. Mais cela suffit pour se répercuter sur tout, tout ce qui existe et aussi tout ce qui n’existe pas. Chaque repli est fractal, un motif constitué d’une infinité de ce même motif et l’esprit peut englober le tout, oui, quand il s’oublie, lorsqu’il fait fi de sa propre importance.

Dans le ciel, juste à côté de la Terre, un point de lumière s’allume, un monde, un nouveau monde a fait son apparition. Il est réel, il l’a toujours été, dans les rêves de Lucius, puis dans l’œuvre et maintenant dans le ciel.

Dusk ouvre les yeux, dans ses bras, Jezz est chaude et douce, elle lui sourit. Le cratère a retrouvé son aspect initial, ombres et roches. Mais quelque chose a changé, c’est subtil, presque impossible de mettre le doigt dessus. Philéas s’approche d’eux en boitant, sa canne racle le sol. Vous sentez ? C’est incroyable, la Lune tourne sur elle-même. Vous sentez ?

Et c’est vrai, maintenant qu’il le dit, ils s’en rendent compte. La Lune est sortie de son sommeil. Le Comte et les Dark Angels ne sont plus là. Quand à l’Albinos, je l’ai senti près de moi, quand j’ai éveillé le monde de Lucius, il a apporté son énergie au processus, je sens qu’il est là-bas désormais.

Les étoiles brillent d’une nouvelle harmonie, un monde est apparu, apportant un changement dans l’équilibre des choses. Sur ce fond stellaire, le visage transparent de Sélène ne cesse de rire.

Fondu au blanc.


22 April 2008

 

Same same 

Je viens enfin de récupérer une nouvelle machine...

Machine à différences (1821)

Machine à différences (2008)

21 April 2008

 

As Soon As #17 

As Soon As

Lucius #4

#16 - #15 - #14 - #13 - #12 - #11 - #10 - #9 - #8 - #7 - #6 - #5 - #4 - #3 - #2 - #1

Dans la roulotte. Dusk ouvre les yeux, il est sonné. Jezz qui croque une pomme, le regarde d’un air interrogateur. Il porte la main au bras. Rien, aucune blessure, mais il a mal. J’ai besoin de prendre l’air. What happens ? You’re OK ? Non pas vraiment, je me suis fait attaquer. Jezz s’approche de Dusk et lui passe la main sur le visage. Dusk ferme les yeux tandis que Jezz pose ses lèvres contre les siennes, l’embrassant avec tendresse. La porte de la roulotte s’ouvre à la volée. Oh, que c’est mignon, regardez-les roucouler ! Laïla se tient dans l’entrée, les mains posées sur la ceinture de son pantalon en cuir. Derrière elle, ses deux compagnes offrent des sourires carnassiers. Jezz bondit en arrière, who da fuck are ya ? Laïla jette un coup d’œil rapide à l’œuvre, on va pas se présenter toutes les deux minutes, t’es morte ma belle.

Au ralenti, car tout s’accélère, c’est le chaos dans l’espace confiné de la roulotte. Jezz lance le pied au visage de Laïla qui le pare aisément et fait un pas de côté pour laisser entrer les deux autres. Dusk se précipite sur l’œuvre et la fourre dans le sac, la lame de Yoru se fiche dans la table, là où se trouvait sa main un instant auparavant. Raat dessine dans les airs de son index tout en chantonnant une mélodie dérangeante. Jezz et Laïla sont au corps à corps, les poings rendus flous par la vitesse des coups. Dusk, debout, le sac sur l’épaule, regarde partout, visiblement décontenancé. Yoru fait un pas vers lui en souriant, elle relève sa jupe révélant un petit poignard tenu par une jarretière. Des doigts de Raat sort une forme spectrale, un félin efflanqué à la mâchoire prometteuse. Jezz touche enfin Laïla au visage, un filet de sang jaillit de sa bouche qui est tordue par un rictus de rage. Dusk fait un geste large, balayant la pièce. Une puissante onde bleutée fuse de ses doigts, tordant la réalité sur son passage. Yoru se saisit du poignard d’un geste sec. L’onde la touche de plein fouet, elle est projetée contre un mur, décrochant un cadre du Clown en plein numéro.

La roulotte, déformée par la puissance de l’onde, se tord, craque et explose. Les innombrables objets qu’elle contient fusent dans tous les sens. Le félin enfin achevé se dissout soudainement quand Raat se prend un miroir en pleine tête, éclats acérés se fichant dans son corps. Jezz continue à prouver sa maîtrise du combat à mains nues à Laïla dont la concentration est partie en fumée, les coups lui pleuvent dessus. Un pied dans l’estomac, Laïla ne se relève pas.

Deux trapézistes en collants criards regardent tout ce cinéma, de loin, un peu interdits, sans oser se rapprocher et on les comprend. Ils se demandent pourquoi la bombe n’a pas fait de bruit en explosant et pourquoi cela ne flambe pas. Ils voient juste une femme à la peau caramel saisir la main d’un type et l’entraîner très vite hors de vue. C’est la baraque du Clown non ? Commence l’un d’eux. C’était la baraque du Clown termine le second. S’ils étaient restés à regarder plutôt que de partir avant qu’on les remarque, les trapézistes auraient vu les trois filles se relever des débris, ajuster leurs vêtements sexy avant de décamper, elles aussi, au pas de course.

Grande roue, montagnes russes, palais des glaces, train fantôme, chapiteau de cirque, la fête au Luna Park bat son plein. Les enfants sont impatients d’explorer la prochaine attraction, les doigts collants de barbapapa, les adultes qui les accompagnent aimeraient réussir à faire semblant d’être trop grands pour ça. Le Clown quitte la piste sous un tonnerre d’applaudissements. Il se gratte l’avant-bras en croisant le dompteur qui sent encore l’alcool. Ce soir, durant son numéro, il pensait à ce monde incroyable qui s’est déployé devant ses yeux, Lucius est un magicien, qu’est-ce qu’il aimerait le rencontrer. Ce n’est qu’en arrivant à quelques pas de sa roulotte qu’il découvre ce qui s’est passé. Jezz, j’t’avais dit de pas faire de conneries…

Cut.

La moto navigue sur l’océan d’asphalte, Dusk serré contre Jezz. Dépassant avec aisance les quelques véhicules s’attardant sur le boulevard, la moto feule avec une sensualité inévitable. Ses deux occupants savent que les Dark Angels ne vont pas en rester là, ils attendent la prochaine scène d’action. Autour d’eux, Villumière déroule ses artères boisées, ses bâtiments fantasmagoriques, ses chantiers endormis. Sans cesse la ville se construit, évolue, mute. Sa personnalité fluctuant au gré de l’humeur de ses habitants laissant une sensation de schizophrénie aux gens de passage. C’est pour cela qu’il est hasardeux de la décrire car ce que l’on y trouve dépend essentiellement de ce que l’on est, de ce que l’on ressent.

Deux motos apparaissent soudainement dans les rétros, rythmes techno. Jezz fronce les sourcils, here they come. Dusk jette un œil en arrière, pour s’apercevoir qu’elles sont déjà plus proches que ce qu’il aurait voulu. Putain de journée, ça va jamais s’arrêter. Instinctivement, sans même s’en rendre compte, il serre le sac contre lui. Jezz bifurque sans prévenir, évitant l’embranchement de la skyway pour plonger dans une rue étroite. Sensation d’accélération, on va trop vite, on va se tauler.

Fragmentation, snapshots en succession rapide, jambe gainée de cuir, mécanique chromée, main gantée sur la poignée d’accélération. Et l’aiguille du compte-tour qui s’affole. Laïla fait un signe de tête à Yoru qui donne un coup de guidon. Dusk ferme les yeux. Jezz le regard dur. Raat, en amazone derrière Yoru esquisse quelques passes magiques, sphère de lumière. Amortisseur en gros plan, forme féminine lovée contre la machine.

Passons aux choses sérieuses. Les Dark Angels se rapprochent, Jezz sinue dans le trafic, les rues multiplient les virages, le décor rendu flou par la vitesse. Raat lance une attaque. Explosion d’étincelles, cible manquée, une voiture s’envole au ralenti, rebondit contre une carrosserie, plissement du métal. Les Dark Angels esquivent. Pluie de débris.

Retour sur un boulevard, les Dark Angels ne quittent pas leur cible d’une semelle. T’as pas un gadget à leur lâcher ? I was waiting for ya. Dusk hoche la tête. Et tout devient confus.

Explosion électrique venant des doigts de Raat. Un œuf de lumière bleue se matérialise autour de Dusk et se propage rapidement. Devant ses yeux, des phosphènes blancs explosent en scintillant. L’œuvre en surimpression, trame de la matière, des cordes de lumière. Dusk les manipulent, les réarrangent. Jezz ouvre la bouche et les poursuivantes ont disparu.

Fondu au noir.

Les mains crispées sur le pommeau de la canne, le Comte grimace de fureur. Il ferme les yeux, tend le bras comme pour sentir quelque chose d’impalpable. Un son lourd, dérangeant est émis depuis une source indéfinie. Les rideaux de dentelle ondulent paresseusement, comme en phase avec ce son. La porte s’ouvre et les Dark Angels entrent dans la pièce. Décoiffées, les vêtements savamment désordonnés, le visage inexpressif. Elles s’agenouillent aux pieds du Comte. Laïla se recoiffe astucieusement avec les doigts, Yoru passe lentement la main sur le pantalon anthracite, Raat replace la bretelle de son corsage. So, girls… You have an explanation ?

Cut.

Noir&blanc. Venelle sombre et sinueuse. Pavés luisants et inégaux. Masures aux briques disjointes, aux tuiles branlantes. Portes en bois piquetées de tâches d’humidité, fenêtres tordues ne laissant filtrer aucune lumière. Fork semble emplir tout l’espace de la ruelle, sa peau encre de chine absorbe le peu d’éclairage venant de quelques becs à gaz aux flammes rappelant les feux de Saint-Elme. Philéas le suit en claudiquant, observant chaque détail asymétrique, chaque courbe brisée de l’architecture torturée de la Vieille Ville. Ça me rappelle ces vieux films muets. Oui, oui, je sais, t’en parles à chaque fois. Fork fait le blasé, il n’a jamais compris la passion de son comparse pour le cinéma expressionniste. Tordu, malsain, comment peut-on prendre plaisir à regarder des films pareils ?

Les rayures blanches de la peau zébrée de Philéas semblent lumineuses, dégageant un léger halo laiteux. La rue débouche sur une place. Quelques personnes aux vêtements aussi noirs que leurs pensées déambulent sans but apparent. L’un d’eux les regarde brièvement. Visage blafard et ridé, traits émaciés, chevelure longue, éparse et emmêlée, le cliché du savant fou. Un kiosque à musique aux ferronneries victoriennes rouillées est posé au centre de la place. Dans l’ombre de son chapiteau, une silhouette en contre-jour. Un son de flûte aux accents parfois grinçants donne la chair de poule à Philéas. Fork se ramasse dans son pardessus, les mains dans les poches. Ils s’approchent du kiosque.

Une lumière argentée s’intensifie graduellement, éclairant la silhouette. Le visage baissé, masqué par des cheveux noirs désordonnés. Une robe noire grossièrement reprisée. Elle lève lentement la tête et retire la flûte de la bouche. Regard perdu dans un loup de fard noir. Des traits fragiles lui donnant un air de poupée, la peau livide laissant deviner un méandre de veines bleutées. Ça et là, des cicatrices rosâtres. Les flics retiennent leur respiration, chamboulés par la tristesse infinie émanant d’elle. Une larme perce sur la joue de Philéas, coulant lentement en suivant une rayure. Fork s’éclaircit la gorge, on croirait entendre un sanglot.

Êtes-vous Sélène ? Le savant fou persifle à leur adresse, dans une langue aux accents gutturaux qu’ils ne peuvent comprendre. Regard fixe et triste, elle croise les mains sur sa poitrine, paraissant encore plus vulnérable. Philéas lance un regard laisse-moi faire à Fork qui fait un pas en arrière. Mademoiselle… Je suis comme vous… Il hésite un peu, je… je viens d’ici. Et de fait, Philéas aussi paraît immensément vulnérable, frêle, prêt à se briser. Il montre le halo émanant de sa peau. La fille plonge ses yeux dans les siens.

La nuit, l’obscurité de la psyché et son cortège de fantasmes inavouables, errance de l’âme ne connaissant pas de répit. Les étoiles pâles, le vide insondable. Un cratère aux replis chaotiques. Sensation de vertige, on ne distingue pas le fond et l’autre bord atteint l’horizon. Des yeux rouges…

Le contact se coupe, les yeux de la fille retournent dans le vague, dans la contemplation de leurs propres tourments. Les deux flics quittent la place sans se retourner. Le tintement de la pluie accompagnant le bruit de leurs pas et la flûte aux accents grinçants.

Plus tard, dans la voiture, tandis qu’ils roulent sur un boulevard ponctué d’arbres vénérables aux feuillages épais, Fork brise enfin le silence. Philéas, que s’est-il passé ? Philéas prend une large inspiration, l’Albinos… C’est son fils. Fork quitte la route des yeux un instant pour regarder son ami. Il faut qu’on aille faire un tour du côté du grand cratère.

Fondu au noir.

To be continued...

16 April 2008

 

La Cantatrice Chauve 

Représentation à l'auditorium de l'Alliance Française de Delhi le 19 avril à 18h, mise en scène d'Anne Bressanges.

11 April 2008

 

As Soon As #16 

As Soon As

Lucius #3

#15 - #14 - #13 - #12 - #11 - #10 - #9 - #8 - #7 - #6 - #5 - #4 - #3 - #2 - #1

Vieux cliché, Dusk et Jezz sont enfoncés dans de larges fauteuils. Sur leurs visages, des ombres, des lumières passent sans discontinuer. Ils échangent un regard. Au-dessus, un faisceau traverse une vaste salle de cinéma au public éparse. Les rangées de fauteuils dessinent une symétrie apaisante, seule l’icône indiquant la sortie perce la pénombre d’un halo phosphorescent. Une goutte d’eau sur un chapeau, une éolienne qui grince, un regard hagard écrasé de chaleur, un air d’harmonica. Jezz murmure let’s go after he kills’em à l’oreille de Dusk.

Il voudrait être ailleurs, n’avoir jamais répondu à l’invite de Lewitt. Tous morts, quelle boucherie. Ses mains agrippent le sac. Dusk aime l’œuvre, il veut y replonger, parcourir les méandres du monde de Lucius. Quel génie, mais comment a-t-il fait ? Et pourquoi vaut-elle la peine d’être récupérée au point de tuer ? Et puis où est Lucius ? Mort ? Des questions, la peur de crever et le désir de posséder l’œuvre, Dusk est dans la merde.

La main de Jezz attrape celle de Dusk, ils quittent la salle discrètement sur une musique lyrique, laissant l’homme à l’harmonica face à ses adversaires. Coups de feu. Dans la backstreet, la porte métallique du cinéma se referme automatiquement. Jezz est aux aguets, humant l’air, les yeux fermés, la caméra effectue une rotation autour de son visage, une haltère de chrome est piercée dans l’oreille, travelling en contre-plongée sur Dusk qui observe Jezz et la trouve vraiment belle.

Le soleil a depuis longtemps disparu derrière les montagnes déchiquetées qui se découpent à l’horizon. Le clair de Terre nimbe les rares recoins sans lumières de la ville d’une aura fantomatique. Une moto ondule sur un boulevard vide. Dusk se serre contre Jezz plus qu’il n’est nécessaire, elle le sait, bien sûr, mais ne dit rien. We have to see da Clown. Jezz lance un rire grinçant, basculant la tête en arrière, offrant sa gorge au vent, sa joue contre celle de Dusk.

Cut.

Chez Nudge. Rien n’a changé dans le living si ce n’est la poussière qui s’est finalement déposée comme un linceul sur le moindre objet. Deux flics se tiennent près de l’entrée. Pardessus, costumes sur-mesure, cravates assorties et inévitables lunettes noires. Ils observent les lieux, immobiles et méritent une description. Fork, c’est le gros, ne lui faite pas remarquer, c’est un sujet sensible. Philéas, c’est celui qui a un pied bot, son poids tout entier semble reposer sur une canne qu’il agrippe en tremblant légèrement. Fork a la peau encre de chine, ses joues rebondies sont couvertes d’une barbe de deux jours, son front plissé indique une intense concentration. Philéas ne respire pas la santé, des tics nerveux agitent régulièrement son visage, sa peau est rayée comme celle d’un zèbre.

Un shuriken planté dans le cadre d’un tableau. Le plafond éventré, bardé de tiges d’acier tordues. Fork tourne légèrement la tête. La fille en string aux yeux ouverts. Le mec en blanc les tripes à l’air. Philéas se penche vers la table basse, sort une loupe de sa poche et scrute la blessure de Lewitt. Un couteau fiché dans le mur, la mallette ouverte et vide. Fork semble figé, il hume l’air ambiant. Nudge adossé contre un fauteuil, un filet de sang à peine coagulé en travers du visage, une arme à feu au métal légèrement fondu sur le parquet. Des traces de pas dans la poussière. Philéas observe une zone circulaire parfaitement propre sur le verre de la table basse.

L’Albinos va opérer en solo maintenant révèle Fork en se tournant vers Philéas qui passe un gant de latex transparent laissant deviner les zébrures de la peau. Ce n’est pas son style de commettre des erreurs. Un petit tube de plastique avale un échantillon de poussière, les stries noires sur les doigts sont fines et rapprochées. Alors pourquoi les a-t-il laissé s’enfuir avec le Lucius ?

Un bruit dans le couloir, une porte qui se ferme et un soupir. Philéas sort du living en boitant. C’est le majordome, il leur raconte ce qu’il a cru voir.

Cut.

Réussis à s’enfuir, vous voulez rire ! Le Clown se gratte l’avant-bras, vautré sur un coussin informe. Il est squelettique, la peau livide. D’une manière ou d’une autre, il a besoin de vos services. Un mannequin de bois est soigneusement habillé d’un costume de scène blanc. Après, il vous tuera. Dusk lui jette un regard fatigué, il tient le sac tout contre lui. Mais fais donc voir la source de tant d’emmerdes. Dusk ne pense pas que cela soit une bonne idée. Jezz lui tapote l’épaule, come on.

Dusk observe la roulotte, écoute les bruits mêlés du Luna Park, orgue de barbarie, rires d’enfants et harangues des forains. Des affiches de spectacles de cirque, du fard à joue, un globe lunaire, la roulotte offre un espace confiné mais confortable, rassurant. Dusk ouvre le sac, ses yeux plantés dans ceux du Clown. Jezz retient sa respiration. Dusk pose l’œuvre sur une petite table en plastique avec une infinie précaution. La sphère inonde l’espace de lumière bleutée s’accrochant aux piercings de Jezz, les animant d’une vie subtile.

Ils observent la sphère transparente qui tourne lentement sur elle-même, on voit qu’après un instant ils ne sont plus là. Ils naviguent dans les méandres du temps, sur les courants traversant l’univers. Le monde est là, devant eux, en eux. Et à nouveau il se déploie, révélant ses éléments en un long zoom fractal. La structure même de l’œuvre, comme des cordes de lumières tissées entre elles. La possibilité de modifier cette trame. Le cœur du proce…

Tout disparaît subitement, ils sont de retour dans la roulotte, tétanisés, les yeux brillants, emplis de larmes. Wadda fuck ? Jezz essuie la sueur sur son front, elle est tapie en elle-même. Le Clown allume une cigarette fine et longue puis tire dessus comme si sa vie en dépendait. Pourquoi on est revenu dit Dusk et qu’est-ce que vous avez vu ? Je n’ai pas souvenir d’avoir senti votre présence. Shaddup, lemme come back. Jezz lui lance un regard désolé, Dusk lui prend la main. Le Clown se marre, they are so cute.

Dusk se tourne vers le Clown. Alors t’as une idée, c’est quoi ce monde ? Le Clown exhale des ronds de fumée, formant une série d’anneaux concentriques. Il est réel, Lucius l’a créé. Ses œuvres précédentes n’en étaient que les prémisses. But it’s only an illusion dit Jezz en passant le pouce sur la lame d’un cran d’arrêt. Qu’est-ce que la réalité ? Nous n’en percevons qu’une infime partie. Le Clown montre l’un des anneaux. Il y a des frontières que bien peu savent traverser.

Cut.

Une voiture aux formes désuètes traverse une avenue, petite pluie fine. C’était quoi ce coup de fil ? L’Albinos répond Fork tout en conduisant. On a rendez-vous au Magic World. Intéressant marmonne Philéas. Il s’enfonce dans le siège en cuir, voûté et fatigué. Les lumières des lampadaires balayent son visage, il a les yeux dans le vague. L’Albinos est un drôle d’énergumène, aussi loin que je me souvienne, il a toujours bossé pour le Comte, tu crois qu’il se la joue freelance ? Fork semble trop petit pour tenir dans l’habitacle, il ne relève pas la remarque de Philéas, ses yeux suivent le mouvement des essuie-glaces.

Un hologramme de Saturne. Sur les anneaux sont posés quelques lettres dans une police art déco : A Magic World. Les deux flics sont installés autour d’une table circulaire, cendrier garni et boissons gazeuses, ça fait un moment qu’ils poireautent. Sur scène, une égérie de cinéaste murmure des paroles poétiques sur une musique jazzy. Sa robe évoque une civilisation passée, plis soulignant son corps diaphane. Philéas allume un cigarillo en matant une serveuse. Joli visage, nez de radasse lui précise Fork avec un sourire à peine discernable. Philéas hausse les épaules et se tourne vers la chanteuse. La poursuite se concentre sur le contrebassiste qui se lance dans un pizzicato aux larmes contenues. Une ombre, un déplacement d’air, l’Albinos vient de s’installer sur la chaise vide. Ses yeux rouges scrutent Fork avec dédain.

La chanteuse embrasse le public épars d’un geste, tentant de l’inclure dans son histoire triste. Ses mouvements rabattent les manches de sa robe sur les avant-bras blanc comme du lait. L’Albinos glisse un papier plié dans la main de Fork. Philéas ne le quitte pas du regard, sa peau parcourue de frissons. Fork a les yeux qui s’agrandissent, son visage prend une expression effarée Philéas l’interroge d’un mouvement de tête. L’Albinos a disparu.

Cut.

Lucius a disparu avant d’expliquer ce qu’il a voulu faire ricane le Clown. Un son de sub-bass fait vibrer sa silhouette. Le Comte se tient debout, les mains jointes sur le pommeau de sa canne. Trois femmes derrière lui, dans l’ombre, figées dans des poses suggestives. Give it back. Gros plan sur Jezz, de la tendresse dans le regard. Un cratère à l’extérieur de Villumière, comme un puit aux parois pleines d’anfractuosités, l’autre bord atteignant presque l’horizon, on n’en distingue pas le fond. Dusk s’assoit sur le rebord, une forme féminine, floue et transparente fluctue près de lui. Sa bouche s’approche lentement de l’oreille de Dusk, ses cheveux laiteux dansent au ralenti. Elle pose la main contre le lobe de l’oreille. Immatérielle, La main s’enfonce légèrement dans son visage. Il écoute ce qu’elle lui dit et lève le visage vers le ciel. Dans le halo qui entoure la Terre, une étoile s’allume, scintillement. Et l’œuvre flottant au dessus de son socle.

J’ai fait un rêve… On en fait tous, mon garçon. Le Clown contemple son reflet dans le miroir, ajustant le maquillage qui, entre nous, ne change rien à son visage. Il se lève, je vais faire mon numéro, il enfile la veste aux broderies stellaires. Vous deux, vous restez là et n’en profitez pas pour faire des conneries. Ya bet lui répond Jezz, les lèvres serrées. Le Clown sort de la roulotte, claque la porte en marmonnant. Les voilà seuls. J’ai envie de repartir dedans. Dusk observe l’œuvre, il la désire. And what for ? It makes me sad. Je ne sais pas, elle m’appelle, je crois qu’elle a besoin de moi. Jezz, assise en tailleur sur le bord du lit, s’abandonne à la contemplation du plancher. Ya dream.

Les nuages s’écartent, une montagne à la taille respectable, une sensation d’éternité, de sublime harmonie. Un bord de mer, sable blanc, le son du ressac. Dusk fait quelques pas, observant la végétation aux teintes violettes. This world is mine. Dusk se retourne, le Comte est là, dans son complet anthracite, le visage vide de toute expression. Autour de ses pieds, le sable semble sale, l’air ondule autour de lui, opérant graduellement de subtils changements. La végétation se flétrie, des insectes à la carapace luisante se faufilent entre les racines. L’influence du Comte grandit et pollue l’environnement comme dans un mauvais film d’horreur. Dusk fixe le Comte, peur, jalousie et colère montent en lui. Il ne peut pas laisser faire ça. Ce monde, il en est amoureux, il veut le garder pur.

Changement de perspective, les éléments du décor grandissent, à moins que cela ne soit Dusk qui rapetisse. Monde microscopique, puis moléculaire, les cordes de lumières. La trame se réorganise, se déforme. Dusk braque toute sa volonté pour stopper le phénomène, il tente de réparer la déchéance. Un rire de fou furieux. You think you can stop me. C’est effectivement ce que Dusk est en train de faire. Des ondes bleutées provenant de ses doigts guérissent les cordes ternies. Anyway, meet my girls.

Un cirque de pierre, le ciel rouge barré de nuages défilant à grande vitesse. Un vent glacé siffle dans ses cheveux, Dusk est pris de vertige. Trois filles se tiennent devant lui, comme sur une affiche de cinéma. Une blonde voluptueuse se passe lentement la langue sur les lèvres, une amérindienne aux cheveux tressés entonne une mélopée d’un timbre étonnamment grave, une eurasienne tenant de la lolita joue nonchalamment avec un couteau à la lame courbe. Elles prennent une ass-kicking pose, sont gainées de cuir noir, bardée de piercing pointus et finalement présentent tous les signes extérieurs de sales garces.

Avant de te rabattre ton caquet, on va quand même se présenter lui dit la blonde sur le ton de la jubilation. Elle c’est Yoru, elle kif le poignard. Yoru esquisse une révérence moqueuse, rajuste sa jupe d’un sourire ingénu, la lame contre la poitrine. Voici Raat, elle sait parler aux esprits. Raat se campe fermement sur ses pieds, lève les bras au-dessus de son visage et tisse une boule de lumière entre ses doigts. Et moi, je suis Laïla et je vais te casser les os, un à un. Laïla inspire profondément, son soutif ne va jamais tenir, et se met en position de combat. On est ton pire cauchemar. Un éclair éclate dans le ciel, un arbre s’embrase.

Pendant ce temps, Dusk se concentre pour faire le calme en lui. Les ondes bleues qu’il génère vont le sortir d’affaire. Il ne sait pas trop comment il fait ça, mais il le fait. Confiance. Le monde le soutient, il est son allié, son agent secret, tu ne t’y crois pas un peu là ?

La caméra file près du sol, cadrant les Dark Angels en contre-plongée, Laïla court très vite, une expression furieuse lui déformant le visage, elle prend appel et saute en tournoyant sur elle-même / Yoru bondit dans les airs, fait un salto et atterrit tout près de Dusk, le bras tendu en arrière, la lame prête à mordre / Raat continue sa mélopée, ondulant avec grâce, comme un serpent, la boule de lumière se densifie entre ses doigts. Dusk pense très fort à une onde bleue qui va balayer ces trois nanas, les genoux légèrement pliés, le corps se connectant au cœur du monde. Mais rien ne se passe.

Le pied de Laïla percute le visage de Dusk. Il est projeté en arrière. La lame de Yoru lui entaille le biceps. Ralenti, Dusk hurle, sa voix est déformée comme si le son lui aussi était ralenti. La boule de lumière de Raat parcourt la distance qui la sépare de Dusk en un éclair et le touche au niveau du plexus solaire. Dusk a un hoquet, perd pied et conscience.

Fondu au noir.

To be continued...


09 April 2008

 

Tata Yoyo 

Tout simplement...