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18 March 2007

 

As Soon As #8 

As Soon As

More Than Meet the Eyes #3

#7 - #6 - #5 - #4 - #3 - #2 - #1

Plus tard, dans le couloir

Tu sais Douglas, j'ai préféré fuir tout à l'heure, comme si, comme si, cela devenait soudainement trop intense. La connexion avec toi s'est refaite si facilement, j'en ai été aussi surprise que submergée.

Hey, Camille, parce que tu crois que te revoir ne me fait rien. Toute notre relation resurgit subitement en moi. Alors que, je ne veux pas dire que je t'avais oubliée, mais j'avais d'autres chats à fouetter. Courir l'aventure…

¿ Et les filles, Douglas ?

Oh, ça va, s'il te plaît Camille. Of course, depuis, ça m'est arrivé, et toi, tu n'as pas refait ta vie ? Normal, je n'y verrai rien à redire.

Mais, tout à l'heure, Douglas, j'ai apprécié la liberté qui nous habitait quand on s'est glissé sous la douche. Je veux dire, aujourd'hui, pouvoir faire ça avec toi, c'est grand. On n'en reste pas là, où depuis deux ans, je croyais en être restée. Une fuite, un refus.

¿ Un refus de quoi, Camille ?

Le refus, je crois, Douglas, d'accepter le fait que dans l'affaire, c'est mon amour-propre qui a été blessé et pas mon amour comme cela m'arrangeait tant de le croire.

Dis-toi, Camille, pour ma part, c'est le regret qui m'a travaillé. Regret d'avoir gâché une histoire dont je n'avais pas perçu, à l'époque, la lumière. Trop la tête dans les poursuites, les vols de haut vol, les rebondissements spectaculaires. Je vivais à 100 à l'heure, mais certainement sans cœur.

Normal, Douglas, quand on a un public, on perd un peu la tête. C'est grisant, il faut l'accrocher, perpétuellement l'intéresser. Je suis contente, en tout cas, qu'on discute comme ça, car derrière nos péripéties de roman feuilleton, je crois qu'on commence à découvrir une profondeur supplémentaire à nos vies. Alors, je suis heureuse de toujours t'aimer, j'y sens naître un sentiment de liberté, notre relation nous a rapprochés et à fait de nous de vrais et indissociables amis.

Encore un baiser échangé en lumière tamisée, la main de Camille caressant la nuque de Douglas et vice-versa. Un sourire, une étreinte, et voilà.

Cut.

Le lendemain, en fin de matinée, voilà Ambroise de Mort, Camille K et Douglas Makoid poussant la porte du Clair de Lune, un restaurant rue de Gand, proposant un brunch tentant. L'ambiance semble détendue, une musique douce habille les discussions. Ambroise de Mort pose son grand parapluie noir dans une jarre prévue à cet effet. Elle est déjà bien remplie et contient même une canne au pommeau décoré d'étoiles de métal. Ils dégustent bientôt tous trois de nombreux mets savamment préparés allant de la viennoiserie française au pudding anglais, du café brûlant au coulis de framboise. Ambroise de Mort monopolise bien évidemment la parole, se lançant dans une grande geste épique aux rebondissements multiples ayant pour point de départ la canne déjà citée. Il s'agirait d'une canne-épée donnée par les dieux et oubliée par les hommes. Camille K l'écoute d'une oreille apparemment distraite, l'esprit comme tapi en lui-même tandis que Douglas Makoid rit de bon cœur aux élucubrations pythonesques de son ami, tout particulièrement quand mimant un empereur gâteux, Ambroise de Mort, se lève subitement, empoignant son jus d'orange, en renversant la moitié sur son veston immaculé avec un air aussi surpris que désolé. Une serveuse accourt, ce n'est pas grave monsieur, mais la moitié du restaurant suit l'affaire avec intérêt.

Camille K notebook
La discussion/explication avec Bauhaus s'est prolongée un peu tard dans la nuit. Il est vrai que c'était utile mais ce genre de moments dure toujours trop longtemps. Il reste beaucoup à faire, beaucoup de mystères et c'est sûr, beaucoup de dangers. Enfin, je n'ai pas envie de m'étendre là-dessus. Ensuite, Douglas et moi, on s'est télescopés juste avant de se coucher, je ne suis pas mécontente de notre petit dialogue, il semble que les choses s'améliorent entre nous, non pas que je compte recommencer avec lui, j'ai la tête ailleurs maintenant, mais savoir, au fond de mon cœur, qu'il est maintenant avant tout un ami m'importe énormément. Il semble partager mon point de vue et je crois que la love story se conclue ici.

Bauhaus a demandé un coup de main à Douglas pour régler une petite affaire rapide, je ne serais pas de la partie, pas besoin de moi de toute façon. Ce soir, j'irais m'amuser un peu, ça me fera du bien. Il faut aussi que j'envoie un mail à qui je sais qui se fait certainement un sang d'encre, me croyant probablement déjà au fond du port de Monaco avec des poids aux pieds. Ça ne va pas simplifier cette histoire déjà un peu trop compliquée pour moi, mais je ne veux pas qu'elle soit gâchée par l'irruption de mon blondinet et de ses inévitables poursuivants. Merde, pour une fois j'atteignais un équilibre satisfaisant et durable. Me voilà à l'autre bout de la France, sans l'avoir voulu.

Je me fous de cette pierre à la con, de ses implications, même si à chaque fois que je la vois, je sens mon cœur se serrer sous l'effet d'une nostalgie impossible à réfréner. J'ai observé Bauhaus quand la pierre lui fut montrée : la surprise dans ses yeux, le souffle coupé, l'envie de posséder. Pas étonnant qu'ils veuillent la récupérer, elle sert certainement à dominer le monde ou je ne sais pas quel genre de conneries du même acabit. Moi, je reste dans le coin le temps qu'il faut pour réorganiser mes arrières et je lâche l'affaire, ce feuilleton, et ses protagonistes qui vont au-devant d'ennuis.

Douglas Makoid notebook
La soirée se prolongea fort tard, tandis que je détaillais mon aventure sans un seul baiser à un Ambroise hyper attentif, avant qu'à son tour, il ne me fasse part des tenants et des aboutissants dont il était à ce jour au courant. J'ai longtemps hésité entre vous faire l'inventaire détaillé de cette soirée ou la shunter en quelques mots. Soucieux de vous éviter une longue et fastidieuse discussion, je communiquerais les informations au fil du déroulement des événements, gardant ainsi une once de suspense bienvenu. La pierre est au centre de l'affaire, mais on ne sait toujours rien sur elle.

Flash-back

Je sortis la petite bourse blafarde de la poche de mon pantalon et la tendis à Ambroise qui l'attrapa avec respect. Il observa d'abord longuement et patiemment le velours avant de dénouer les cordons argentés. La pierre glissa d'un coup dans sa main, irradiant son corps d'un halo bleuté. Ambroise exhala un souffle mélangeant tristesse et douleur tandis qu'il contemplait les irrégularités du caillou si convoité. La vie semblait habiter le minerai, se diffusant, se propageant tout autour de lui, prenant presque possession du salon dans son entier. La jungle, sourdant des enceintes à dispositif holophonique, elle-même se transformait pour accueillir des harmonies étranges et magiques. Je me sentais un peu mal à l'aise de voir la pierre dans les mains d'Ambroise, c'est moi qui l'ai piquée après tout ! Je me vidais l'esprit de ces pensées, certain que la pierre elle-même me les induisait. Heureusement que je le fis car une image, aussi fugace que déstabilisante me traversa : Ambroise, sérieusement blessé, tandis que je décrispais ses phalanges blanchies pour récupérer l'objet de mon désir. Camille regardait ailleurs, jouant avec la sphère pierçant sous ses lèvres. Elle savait qu'elle aussi pouvait succomber. Ambroise rangea la pierre dans la bourse, à regret, mais comme soulagé de le faire.

Ambroise de Mort : C'est quoi ? (long soupir) C'est quoi, ça ?

Douglas Makoid (après un temps de silence) : Je n'en sais rien Ambroise, mais c'est puissant. Ce n'est que la seconde fois que je la contemple, mais je sens que je tomberai volontiers sous son emprise.

Ambroise de Mort : Elle dégage quelque chose de difficilement exprimable, quelque chose que je crois connaître mais que je n'arrive pas à retrouver. Bon, il est hors de question de l'examiner à nouveau, on finirait carrément par s'entre-tuer. Je crois que je vais réfléchir sérieusement avant de la confier à mon commanditaire. Je vais en toucher un mot à Richard.

Camille K : Et on peut savoir qui t'a demandé de lui fournir ce caillou ?

Ambroise de Mort : Je suis désolé Camille, tu sais bien que je ne peux te le dire, ça fait partie du deal, mais ne t'inquiètes pas, je suis loin d'être assez con pour donner ça au premier venu.

Douglas Makoid : Qui est ce Richard ?

Ambroise de Mort (esquissant un sourire) : Richard Debloque, un artiste mystique un peu fou. Il aura forcément quelque chose à dire sur la pierre.

Fin du flash-back

Le lendemain, après un succulent brunch dans un restau du coin, nous rentrâmes directement chez Ambroise, soucieux d'éviter le crachin insistant qui semblait ne jamais devoir s'arrêter. Case se trouvait dans le salon, en train de fumer une cigarette diffusant de nombreuses nappes de brouillard bleuté. Il regardait ses pieds d'un air sombre et son visage était maculé de traînées noirâtres.

Case (sans quitter ses pieds du regard) : Et bien voilà, Ambroise, il a pété.

Ambroise de Mort : Quoi ! Oh non ! (se précipitant vers Case) Ça va, tu n'as rien ? (observant le visage noirci de son collaborateur) Tu es brûlé ?

Case (d'un ton monocorde) : J'ai failli me cramer la gueule, mais c'est comme si je l'avais senti venir, j'ai fait un bond en arrière, et boum ! Je suis resté sonné quelques instants mais c'est plutôt à cause du décrochage catastrophe. Sganarelle m'a remit les pieds sur terre.

Camille et moi observions la scène sans rien y comprendre, de toute évidence, ils étaient choqués par ce qui venait d'arriver. Probablement une expérience qui avait foiré de manière inattendue.

Ambroise de Mort : Camille, Douglas, venez au labo, on va jeter un coup d'œil.

Case : J'ai dû utiliser un extincteur pour calmer les flammes, mais c'est le bordel, de la mousse partout.

Ambroise de Mort : T'en fais pas, le plus important c'est que tu sois en un seul morceau. Imagine ce qui aurait pu t'arriver si tu n'avais pas décroché à temps.

Nous suivîmes Ambroise dans les interminables corridors de sa demeure jusqu'à ce qu'il active d'un geste l'ouverture d'un panneau secret révélant une volée de marches s'enfonçant sous terre. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas rendu une petite visite au laboratoire d'Ambroise, sa fierté. L'escalier descendu, nous pénétrâmes dans une vaste cave voûtée aux briques petites et rouges. Un fatras d'appareils occupait le moindre recoin, sur les tables, un fouillis de feuilles éparpillées donnait la mesure de l'activité fébrile qui régnait en ces lieux. Ambroise avait encore ajouté des machines depuis la dernière fois que j'étais venu et ces dernières produisaient en rythme toute une série de sons mécaniques, du feulement d'un ventilateur refroidissant des processeurs évidemment expérimentaux au ping entêtant et régulier d'un appareil à la fonction indécelable mais aux écrans présentants des courbes hypnotiques en perpétuel mouvement. Une lourde odeur de plastique brûlé parfumait délicatement la cave. Au milieu de tout ce joyeux bordel, trônait sur son perchoir, un splendide perroquet, occupé pour l'instant à se gratouiller le plumage d'un safran éclatant. D'un mouvement instantané, il tourna son bec vers nous.

Sganarelle (voix particulièrement stridente) : Qu'on les passe par la planche !

Ambroise de Mort : Oh, c'est pas le moment, toi, pour une fois ferme-là un peu !

Sganarelle : Ah ! Ah ! Par ma barbe, le rafiot a cabané !

Haussant les épaules, Ambroise s'approcha du magma de mousse qui recouvrait le squelette fondu de ce qui avait du être un ordinateur expérimental. Il observa minutieusement l'étendue des dégâts, vérifiant la connectique chaotique, remontant jusqu'aux différents branchements avant de nous regarder d'un air infiniment las. Pendant ce temps, Sganarelle ne cessait de proférer ses phrases incompréhensibles, couvrant ainsi le cliquetis imperturbable des appareils encore en état de fonctionner. Case nous rejoignit à ce moment, des larmes dans les yeux.

Case : Ça marchait, ça marchait, c'était le pied, trop beau pour y croire, j'avais passé tellement de temps dessus.

Ambroise de Mort : On va recommencer. Tout reprendre à zéro s'il le faut, mais c'est pas ça qui m'arrêtera. (vers Case) Et le soft, tu as eu le temps de le tester ?

Case (rêveur) : oui, jamais vécu un truc pareil, plus réel que le réel. Le grand bond quoi, mieux que la matrice de ces primitifs du C-Mol. De quoi écraser leur cyberspace préhistorique !

Case se mit franchement à pleurer, encore sous le choc d'une expérience apparemment incroyable et intense. Ambroise lui tapota l'épaule gentiment. Ces deux-là travaillaient sur un truc qui devait en mettre plein la vue. Camille et moi, on se trouvait là, un peu cons, assistant à cette déroute sans pouvoir y changer quoi que ce soit, n'osant pas briser l'instant d'une phrase maladroite. Ambroise nous proposa de retourner là-haut, laissant derrière lui, le temps de se remettre, sa machine cramée et son perroquet au vocabulaire de boucanier.

Nous nous installâmes au salon et pendant que Camille s'activait à préparer des remontants soigneusement alcoolisés, Ambroise révéla les grandes lignes de son plan. Il travaillait initialement sur un projet de piratage du réseau que testaient quelques grandes boîtes multinationales. Ce réseau était bien plus évolué que le net dans le sens où il permettait de se projeter en son sein au lieu de rester devant un écran. Cette bonne vieille réalité virtuelle était en passe de devenir très réelle. En mettant au point sa machine, il s'aperçut rapidement qu'il avait créé un prototype encore plus évolué qui selon lui permettait carrément d'accéder à d'autres niveaux de réalités. Seuls de brefs surfs avaient été possibles mais il ne faisait aucun doute que Case et lui avaient accédé à bien autre chose qu'un bête espace électronique artificiel. Ils restaient cependant tous les deux prudents sur ce qu'ils avaient découvert car cela échappait complètement à tout ce qu'ils connaissaient. Ambroise refusa de livrer plus de détails et ce qu'il nous avait confié était inespéré vu son habituel mutisme. À se demander ce que Camille avait bien pu mettre comme ingrédients dans ses cocktails !

To be continued...