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26 April 2008

 

As Soon As #18 

As Soon As

Lucius #5

#17 - #16 - #15 - #14 - #13 - #12 - #11 - #10 - #9 - #8 - #7 - #6 - #5 - #4 - #3 - #2 - #1

La moto quitte Villumière laissant le décor urbain et lumineux se changer sans transition en désert lunaire, paysage mort et immobile, uniquement éclairé par le phare blanc de la machine et le halo bleuté de la Terre, presque sur l’horizon. Jezz ralentit et stoppe la moto sur le bas-côté. Need to pee. Elle fait quelques pas avant d’être avalée par l’obscurité. Dusk se dégourdit les jambes, il a mal partout, ne comprend rien à ce qui lui arrive mais sent qu’il doit se rendre au cratère de son rêve et retrouver cette femme, se souvenir de ce qu’elle lui a dit et voir s’il y a un rapport avec l’œuvre. Un monde, un vrai monde, est-ce possible ? Lucius n’a quand même pas pu…

Une main passe dans ses cheveux. Dusk se retourne. Jezz est là, tout près de lui, le regard magnétique. Elle se love contre Dusk, le maintenant par la taille. Dusk sent toutes ses tensions lâcher, son corps se fluidifie, la chaleur de Jezz se répand dans son être. Il l’embrasse. La douceur est indescriptible, n’appartenant qu’à eux seuls. Dusk enlace Jezz et l’embrasse avec amour, un amour soudain, intense, simple et vrai. Leurs corps ondulent sur un rythme intérieur. Un point de lumière bleue apparaît entre leurs cœurs et grandit par lentes vagues successives jusqu’à les englober en entier. Leurs lèvres se séparent. Un sourire dans le regard. Jezz dénoue son bandana, ses cheveux flottent comme en apesanteur, ils sont baignés de bleu. Dusk lui caresse la joue avec tendresse, elle lui mordille la lèvre supérieure et lui offre un autre baiser. L’onde bleue se propage plus loin, gagnant le ciel, s’enracinant dans le sol. Comme deux cordes tressées, liant le macrocosme et le microcosme.

Quand ils repartent sur la moto, leur peau mais aussi leur âme luisent de cette lumière particulière qui tient la création en un tout cohérent, une vibration, un son.

Caméra aérienne survolant un paysage fantastique, un cratère monumental, comme un trou énorme dans la surface de la Lune. Les parois évasées sont constituées d’un nombre incalculable d’anfractuosités, de replis, de surplombs, de cascades de rochers échoués là depuis des millénaires. Pas un souffle, pas une trace de vie, le fond est invisible, masqué par l’obscurité. Lorsque l’on ose s’asseoir sur ses bords, on peut perdre son regard dans les motifs créés par les roches et les ombres et percevoir des êtres fantasmagoriques, des fresques intangibles se transformant au moindre clignement de l’œil. C’est un paysage trop extrême que parcourt la caméra en longs travellings fluides, trop extrême pour attirer les curieux qui souvent ne réitèrent pas l’expérience de s’approcher du rebord pour plonger le regard dans le noir étrangement attirant. Un lieu de pouvoir qui laisse des marques dans l’esprit, le genre de marques que l’on préfère ne pas avoir.

Gros plan sur les chaussures de Dusk, près du rebord. C’est ici, j’ai rêvé que j’étais ici quand je l’ai rencontrée. Sure. Jezz le regarde d’un air qui la rend belle, who is she ? Je ne suis pas sûr, l’âme du lieu peut-être, c’était un rêve.

Sélène ! Le Comte, entouré de sa garde personnelle. Laïla à gauche, Raat à droite, une main sur ses épaules et Yoru dans ses bras plongeant la langue dans sa bouche avant de regarder Dusk d’un air gourmand. You saw Sélène and this place is the last thing you will see. Give it back. Dusk serre le sac contre lui, compte là-dessus. Well young man, I don’t think you have any other choice. La main gantée du Comte relève la jupe de Yoru jusqu’à la naissance des fesses. Yoru fixe Dusk, regard qui en dit long. Hey, ya bitch, who da fuck ya think ya are ? Jezz serre les poings, une main glissant imperceptiblement vers sa ceinture, le doigt touchant le manche d’une lame courbe glissée contre sa hanche. Elle serait jalouse la brunette ? Laïla ricane en se tapant la pose. Ce coup-ci je vais te botter le cul.

Les Dark Angels passent à l’attaque. Contre-plongée sur Dusk qui fait un pas pour s’éloigner du bord du cratère. Yoru saisit une lame à cran d’arrêt entre ses seins et la déploie d’un mouvement de poignet. Dusk a les cheveux qui crépitent comme sous l’effet d’un champ magnétique. Raat exécute un kata, tissant un oiseau fantomatique ressemblant à un vautour mort. Jezz bondit dans les airs, la caméra tourne autour d’elle, fixant sa pose. Lame courbe entre deux doigts. Laïla s’élance sur Jezz, un poing américain au creux de chaque main. Le Comte souille la réalité autour de lui, préparant un mauvais coup. Gros plan sur un scolopendre s’enroulant autour de sa cheville. Coup de feu.

STOP ! Que personne ne bouge, vous êtes en état d’arrestation. Tout le monde se fige sous l’effet de surprise. Fork et Philéas sont là, en retrait, armes sorties, prêts à tirer. Le Comte éclate de rire, piss off, it’s a private party. La caillasse se noircit, traçant une ligne fracturée depuis le Comte jusqu’aux flics. Philéas ferme les yeux, parait sur le point de s’écrouler, ses zébrures se mettent à scintiller, la ligne stoppe sa progression à quelques centimètres de Fork. Philéas hoquète, se plie en deux et murmure ça va aller.

Pendant ce temps, les autres s’observent sans oser le moindre mouvement, prêts à lâcher une attaque sur le premier qui bougera. Le vautour ressemble à un embryon malade, Raat l’a figé, le bras tendu, les doigts légèrement écartés. Laïla défie Jezz du regard, cambrée pour souligner les formes de son corps. Yoru fait une moue innocente, la lame au creux de la main, invitant Dusk à tomber sous son charme. Dusk sent une vibration dans le sac, comme si l’œuvre se réveillait, un appel, en provenance du cratère. Ouvre le sac, ouvre-le. La voix de Sélène au creux de l’oreille.

Deux points rouges apparaissent derrière les flics. Le Comte écarquille les yeux, you ? How dare you ? Traitor. Fork se retourne, l’Albinos est à un pas derrière lui. Une voix venant d’ailleurs, oui… Moi, cher Comte. Cette fois-ci, je ne peux accepter vos ordres, l’enjeu vous dépasse. Un glissement et l’Albinos est devant le Comte. Vous devez le laisser faire. L’Albinos désigne Dusk d’un mouvement de tête. Rentrez chez vous, continuez vos jeux décadents avec vos courtisanes et laissez les choses devenir ce qu’elles doivent être.

C’est de nous que tu parles, blanc-bec ? Deux traits de lumière rouge fusent des yeux de l’Albinos découpant le bustier de Laïla à des endroits stratégiques. Le tissu glisse sur ses hanches. Laïla, apparemment ravie d’avoir enfin sa scène érotique, se campe dans une attitude arrogante, ne cherchant nullement à se couvrir les seins qui sont, il faut l’avouer, de toute beauté. Je vais fracasser ta tête d’anémique. Enough Laïla. Le Comte fulmine, contenant avec de plus en plus de mal la rage qui monte en lui. This world is mine.

La main de Philéas tremble, il se cramponne à son arme. Fork lui dit du calme. Je gère. Mon cul, tout ça nous dépasse, ce type peut nous couper en tranches en moins d’une seconde. Il l’aurait déjà fait. Il nous a amenés ici pour qu’on soit témoins. Fork baisse son arme et pose la main sur l’épaule de Philéas. Regarde le mec, là-bas. Dusk, que plus personne n’observe étant donné ce qui se passe entre l’Albinos et le Comte est en proie à une drôle de sensation.

Une onde d’énergie monte en lui, le long de sa colonne vertébrale, emplissant ses chakras un à un. Ses yeux deviennent complètement bleus, d’un bleu pur, sans dimension. L’œuvre vibre dans ses mains, le sac se dissout et tombe en lambeaux à ses pieds. Jezz, étrangement hypnotisée par la poitrine de Laïla s’aperçoit enfin de ce qui se passe, elle sourit. Un œuf de lumière bleu entoure Dusk et l’œuvre, il s’élève lentement dans les airs. La sphère transparente tourne au-dessus du socle, des effets de coriolis déforment sa surface.

L’Albinos a le regard planté dans les yeux du Comte, casse-toi, t’as plus rien à faire ici. Il semble lui aussi gagner de la puissance, grandir, à moins que cela ne soit le Comte et les Dark Angels qui rapetissent. Yoru qui contemple Dusk pousse un soupir, comme il est beau. Raat oublie son vautour atrophié qui se blottit contre un tas de cailloux inégaux avant de disparaître complètement. La lumière bleue baigne maintenant toute la scène, le cratère derrière émet une réponse, une vibration qui se ressent au cœur du corps. La lumière s’écoule dans le cratère, faisant étinceler les roches. Des millions de paillettes argentées.

Dusk ne perçoit plus ce qui l’entoure, il est dans le monde des cordes. Sans vraiment comprendre ce qu’il fait, il tisse de nouvelles connections, arrange la trame, guérit les portions malades, flétries. Il a seulement conscience de Jezz, près de lui, en lui, de l’amour qu’il ressent pour elle. Jezz est là complétant son travail, y apportant une vibration qui produit conjointement avec la sienne de puissantes harmoniques.

L’univers, la création est un tout. Les notions de temps et d’espace ne sont que des déformations produites par l’esprit pour s’ancrer dans la réalité. Il existe bien d’autres facteurs, bien d’autres subtilités auxquels bien peu ont accès. Le visage du Clown apparaît brièvement en surimpression sur le fond de molécules galactiques. Chaque point contient le tout. Subitement, la création s’enrichit de nouvelles données. La trame se modifie, un peu, juste un peu. Mais cela suffit pour se répercuter sur tout, tout ce qui existe et aussi tout ce qui n’existe pas. Chaque repli est fractal, un motif constitué d’une infinité de ce même motif et l’esprit peut englober le tout, oui, quand il s’oublie, lorsqu’il fait fi de sa propre importance.

Dans le ciel, juste à côté de la Terre, un point de lumière s’allume, un monde, un nouveau monde a fait son apparition. Il est réel, il l’a toujours été, dans les rêves de Lucius, puis dans l’œuvre et maintenant dans le ciel.

Dusk ouvre les yeux, dans ses bras, Jezz est chaude et douce, elle lui sourit. Le cratère a retrouvé son aspect initial, ombres et roches. Mais quelque chose a changé, c’est subtil, presque impossible de mettre le doigt dessus. Philéas s’approche d’eux en boitant, sa canne racle le sol. Vous sentez ? C’est incroyable, la Lune tourne sur elle-même. Vous sentez ?

Et c’est vrai, maintenant qu’il le dit, ils s’en rendent compte. La Lune est sortie de son sommeil. Le Comte et les Dark Angels ne sont plus là. Quand à l’Albinos, je l’ai senti près de moi, quand j’ai éveillé le monde de Lucius, il a apporté son énergie au processus, je sens qu’il est là-bas désormais.

Les étoiles brillent d’une nouvelle harmonie, un monde est apparu, apportant un changement dans l’équilibre des choses. Sur ce fond stellaire, le visage transparent de Sélène ne cesse de rire.

Fondu au blanc.