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24 June 2007

 

As Soon As #12 

As Soon As

More Than Meet the Eyes #7

#11 - #10 - #9 - #8 - #7 - #6 - #5 - #4 - #3 - #2 - #1

Camille K notebook
Sur le sol, à l'entrée de la salle, le signe de la radioactivité donne le ton. Nous entrons dans un complexe évoquant une centrale nucléaire. Les murs couverts de cadrans, de tuyaux coudés s'enchevêtrant dans le plafond sont baignés d'une lumière verte fluorescente qui pulse lentement. La musique me motive plus que celle de tout à l'heure, c'est de la trance aux loops hypnotiques. Les danseurs, toujours aussi jeunes, sont habillés de couleurs psychédéliques. L'ambiance est chaude, ça s'embrasse aussi bien entre hommes qu'entre femmes qu'entre hommes et femmes.

Je jette un œil à Case que je soupçonne de m'avoir conduit ici pour faire de même mais il paraît aussi surpris que moi. D'habitude, c'est plutôt l'inverse qu'il dit. T'en es sûr je lui réponds. Je ne tarde pas à partir dans la musique qui me correspond mieux que la tech indus dont je me suis jusqu'à maintenant abrutie. Des écrans balancent images fractales et galaxies synthétiques, j'adore ce genre de trip. J'habille mon corps de mouvements sensuels, les pieds glissant sur le dancefloor. Je sens bien vite que j'attire l'attention mais je m'en fous. Case est à nouveau hors de vue. Sans cesser mes mouvements, j'explore les lieux qui semblent ne connaître que le métal. Un pupitre aux diodes colorées m'appelle de ses clignotements. J'appuie sur le gros bouton rouge et les écrans s'inondent d'un champignon atomique se transformant lentement en crâne hideux aux yeux noirs et béants.

La foule est déchaînée et ceux qui ne sont pas lancés dans les jeux amoureux bougent comme si leur vie en dépendait. Les nombreux piercings luisent animés par la lumière des projecteurs en rotation. Case fait irruption, me tendant un verre étroit contenant un liquide fluo. Il a déjà bien entamé le sien. Un coup d'U235 me propose-t-il. Je goûte, c'est sucré, légèrement alcoolisé. OK, ça marche. La musique semble maintenant n'être qu'une suite de nappes inextricables conduisant vers l'extase électronique. Je flotte dans cet océan numérique, Case m'emmène dans ses profondeurs avec douceur.

Étreinte, synchronisation, le visage de la barmaid qui me sourit. Les cadrans s'affolent, aiguilles dans la zone rouge. Une explosion retentit, la foule applaudit. Case danse non loin de moi, un bras ceignant ma taille. Irrésistiblement attirée, je crois caresser des cheveux longs. Douceur des lèvres se pressant contre les miennes, je réponds tendrement. Piercing sur la langue, sensation de fusion.

Douglas Makoid notebook
Nous restâmes un instant comme pétrifiés, certains que le MEN allait se réveiller comme les méchants le font habituellement dans les séries B. Mais il était bel et bien mort. Ambroise qui sortait de la salle se pencha sur le corps et découvrit dans une poche du costume un petit appareil aux formes inédites. C'était un récepteur qui crachouillait une suite de sons sifflants qui ne m'évoquaient rien sinon peut-être une langue inconnue.

Douglas Makoid : N'y touche pas, c'est peut-être un machin piégé.

Ambroise de Mort : Je ne crois pas, non. Je pense que c'est une sorte de talkie-walkie.

Des petites lumières serties dans l'appareil passaient régulièrement par toutes sortes de teintes. Je n'avais jamais vu ce genre de technologie.

Ambroise de Mort : Allez, on file, trop dangereux d'enquêter.

Je crus qu'Ambroise comptait embarquer l'appareil mais il le redéposa dans la poche avec une moue de dégoût. C'était certainement plus sage. À tous les coups, ce truc possédait un dispositif de traçage. En tout cas, c'était hasardeux de vérifier. Nous reprîmes le chemin du retour, passant à nouveau par un dédale de conduits avant de déboucher dans les égouts. Ambroise menait la marche, consultant régulièrement son scanner. Bizarre, j'ai l'impression que nous ne repassons pas par les mêmes endroits. Ambroise hésita un instant et s'engagea dans un passage plus étroit sur la gauche.

Douglas Makoid : Nous ne sommes pas passés par-là tout à l'heure.

Ambroise de Mort : C'est bien ce qu'il me semble, mais je ne fais que suivre les indications du scanner. Il ne doit pas se tromper, j'ai mis tout le bâtiment en mémoire.

J'étais certain de moi, mais nous continuâmes cependant d'avancer, confiants dans l'appareil. Nous allions probablement rejoindre une sortie plus proche. Ambroise m'arrêta d'un geste.

Ambroise de Mort (chuchotant) : Quelque chose vient de s'inscrire sur l'écran, regarde.

Je jetais un œil, comprenant bien vite ce qui se passait en découvrant un message en néerlandais.

Les gars, pas le moment de se barrer. Petite enquête à effectuer, plein de choses à apprendre. ATB.

Voilà que le Flying Dutchman s'intéressait à nos petites affaires. Il avait mystérieusement réussi à nous joindre par le biais du scanner d'Ambroise.

Douglas Makoid : ¡ Le Flying Dutchman ! Qu'est-ce qu'on fait ?

Ambroise de Mort : On le suit, non ? On peut lui faire confiance normalement.

Douglas Makoid : Mouais, mais restons prudent quand même. Les MEN sont comme les cafards, quand on n'en voit un, c'est qu'il y en a mille qui se cachent derrière.

Nous suivions le plan qui s'affichait au fur et à mesure de notre progression. Nous quittâmes à nouveau les égouts, à la grande satisfaction d'ASA que l'odeur incommodait fortement. Nous marchions à présent dans un couloir faiblement éclairé aux murs de parpaings brut dénués de tout effort esthétique. À chaque tournant, nous faisions bien attention, nous calant tout contre les tuyaux métalliques au grondement mécanique, attendant le hochement de tête affirmatif d'ASA pour continuer. Nouveau message.

Destination proche. Prochaine porte sur la gauche. Soldat de l'O juste derrière. Neutralisation discrète. Dank u.

Je sentis mes tripes se nouer à l'idée d'un nouvel affrontement. J'allais à nouveau devoir utiliser mes capacités, mais cette fois-ci, pas le droit à l'erreur. Utiliser son corps d'énergie requiert une grande clarté d'esprit, sinon comme tout à l'heure, des émotions négatives allaient s'ajouter, ce qui était particulièrement dangereux pour ma santé. ASA m'habilla d'un léger champ protecteur. Il partageait ses capacités entre Ambroise et moi, ce qui expliquait que la protection était plus faible que d'habitude. Ambroise attendait, me laissant décider comment agir.

Nous n'eûmes guère le temps de réfléchir car la porte s'ouvrit en glissant sur son axe. Derrière, une petite salle bétonnée recelait une grande quantité de moniteurs noir & blanc. Un MEN nous tournait le dos, installé sur un siège à roulettes. Il était de toute évidence absorbé dans la contemplation des écrans. Sans un bruit, je me concentrais pour laisser monter l'énergie librement en moi. Je pris un peu de temps pour m'assurer que mon Intention était pure de toute émotion négative. Je sentis un fourmillement dans le bras droit, ma main crépitait presque, prête à agir. Le MEN chantonnait à voix basse une mélodie sifflante aux accents déconcertants. D'un coup sec, je lançais mon corps d'énergie dans la direction de notre adversaire.

Le coup le fit chanceler, sa chaise partit sur le côté. Il lança un regard rapide dans notre direction.

Instant interminable

Avant de perdre connaissance. Nous pénétrâmes dans la salle, Ambroise ferma la porte. Je m'occupais du MEN, toujours vivant cette fois, et le ligotais pour être certain qu'il ne nous causerait plus d'ennuis. Quand j'en eus fini, je m'aperçus qu'Ambroise observait les écrans à son tour.

De nombreuses caméras retransmettaient, en noir & blanc, les événements qui se déroulaient dans une grande salle par de nombreux points de vue. Quelques personnes bien sapées étaient installées autour d'une monumentale table octogonale.

Ambroise de Mort : Regarde ça, Douglas. Je crois que le Flying Dutchman nous a amenés dans un endroit très intéressant.

Un haut-parleur crachotant des parasites nous permettait d'entendre ce qui se disait dans la salle. Le plus grand écran bascula sur un personnage à la carrure impressionnante, des lunettes larges mais discrètes lui agrandissaient légèrement les yeux. Ses cheveux gris clair d'après l'écran devaient être blonds, il fit un geste large du bras, balayant la table d'une manche de tweed épais.

Ambroise de Mort (pour lui-même) : ¡ Guillaume Barrière !

Guillaume Barrière : Le lancement du Sushi-B™ s'avère d'ors et déjà une totale réussite. Les infos ont toutes fait un titre dessus. Les images de Lille ont fait le tour du monde. Les indices de vente pour les semaines à venir pulvérisent tous les scores.

Un être petit, osseux se tenait raide sur son siège, le corps livide n'apparaissant que ça et là, lorsque les plis de sa robe monacale noire le permettaient. La caméra ne perçait pas la pénombre lui tombant sur les yeux grâce à la capuche lui recouvrant le crâne. Seul un pendentif d'argent représentant une double croix assurait son appartenance à l'OctoChrist.

Membre de l'OctoChrist : Vos bonnes nouvelles nous réjouissent mais veuillez en hâter le compte-rendu afin que nous passions aux choses sérieuses.

Guillaume Barrière se renfrogna sur un zoom arrière, avant de reprendre en fixant résolument un anglo-saxon d'une cinquantaine d'années à l'allure très professionnelle. Ses rides judicieusement éclairées lui donnaient l'assurance d'un présentateur télé et sa cravate sobre choisie par son conseiller en communication.

Guillaume Barrière : Je n'ajouterai donc qu'un très vif remerciement à Monsieur White pour sa gentillesse et la facilité avec laquelle il nous laisse accéder à ses réseaux (regard appuyé). Merci John.

John White (accent américain) : Il est tout naturel pour le C-Mol de relayer une information aussi importante que le lancement de votre nouveau sandwich.

Membre de l'OctoChrist : Finissons-en, je laisse la parole à Miss X qui je vous le rappelle est le nouvel interlocuteur de la Do/Cam.

Miss X : Merci mon Père. Je suis habilitée à aborder ce soir les questions classées étant donné que tous les participants ont signés l'accord. Le rapport annuel de la Do/Cam est un dossier trop conséquent pour être présenté en détail, il est toutefois disponible si vous souhaitez le consulter. Nous avons profité du lancement du nouveau sandwich pour inclure des ingrédients intraçables donnant une légère addiction. Ainsi, à choix égal, le client fera le choix Barrière car il sera face à des souvenirs agréables. Pour le reste, c'est-à-dire la nourriture elle-même, elle est issue d'un processus de production excluant les composants les plus susceptibles de relever le niveau de conscience.

Cette Miss X s'était arrangée un look sévère en contre-plongée, avec ses cheveux noués strictement, son tailleur à col droit. Elle observait les participants avec attention tout en vérifiant certains détails dans son dossier. Je me tournais vers Ambroise dont les yeux passaient rapidement d'un écran à l'autre.

Douglas Makoid : Qu'est-ce qu'ils sont en train de raconter ? Quels composants ?

Ambroise de Mort : On est face à un putain de complot, et tiens-toi bien, j'enregistre !

Il m'indiqua du doigt un compteur aux chiffres digitaux brillants bien fort tout en défilant. On n'a pas intérêts à se faire prendre parce que maintenant, on devient sérieusement dangereux pour ces messieurs dames.

Miss X : Une campagne de vaccination dans les pays tests nous a permis ces derniers mois de diffuser la molécule de traçabilité mise au point dans nos labos grâce aux précieuses informations que nous ont communiqués nos partenaires communs. Encore une fois, il convient de remercier M John White pour la diligence de ses reportages et le parti pris partisan qu'ils dégagent.

Membre de l'OctoChrist : Et bien, je crois qu'il est temps pour moi aussi de remercier, au nom du Saint-Père, le C-Mol pour l'aide technique qu'il apporte sur nos chaînes ainsi que sur le net facilitant par là notre nécessaire tâche de conversion. Vous représentez le système nerveux du corps dont nous sommes tous un des organes.

Douglas Makoid (l'air triste) : Et Barrière, l'estomac. Ça ne va pas arranger mon ulcère.

As Soon As : Depuis quand t'as un ulcère Doglas ?

Douglas Makoid : Depuis que des lecteurs suivent mes aventures !

Le moine laissa le temps à ses paroles de se diffuser dans la salle avec la réverbération attendue. La pause fut de courte durée toutefois car il enchaîna sur un autre sujet.

Membre de l'OctoChrist : La situation à Lille est préoccupante, les exactions d'une organisation souterraine de type mafieux commencent à avoir un certain impact. Ils pratiquent le vol traditionnel bien que ce soit toujours dirigé vers des appareils à caractère technologique mais aussi le vol de données en piratant les systèmes de sécurité. Nous avons une action en route au moment où je vous parle pour les contrer, nous y reviendrons après. Je tiens à ce que NetPolice se mette en chasse. Monsieur White ?

John White : Je dois avouer que NetPolice, même avec l'aide de l'armée ne possède pour l'instant que bien peu d'indices. Nous avons gagné l'assurance du nom qu'ils utilisent : YakuWaz'. Les recoupements avec les autres données les basant sur le quartier de Wazemmes rendent plus crédible cette analyse.

Ambroise me saisit le bras, un air grave passant sur son visage.

Membre de l'OctoChrist : Vous en êtes certain, ou ce ne sont là que des supputations ?

John White : Et bien, nos analystes et nos techniciens pensent...

Membre de l'OctoChrist : L'OctoChrist sait déjà qu'il s'agit de YakuWaz', vous semblez bien inefficace, malgré vos gadgets.

John White (sans se départir le moins du monde de son air professionnel) : NetPolice a récemment découvert un hacker s'apprêtant à effectuer une transaction avec YakuWaz'. La cargaison fut effacée in-extremis par ce hacker, mais il est resté d'infimes traces nous conduisant à deux conclusions. Premièrement que le destinataire était bien YakuWaz' et deuxièmement que la cargaison avait un rapport avec le cyberspace.

Ambroise de Mort (les yeux exorbités) : C'est de moi qu'ils parlent Douglas ! Je crois qu'en ce moment, je n'arrête pas de taper dans le mille.

Guillaume Barrière : Au fait, il est au point votre truc ?

John White : Pas tout à fait encore. Pour l'instant, l'immersion n'est que partielle et fatigue énormément. Du coup l'illusion de basculer dans une autre réalité n'est pas complète et ne peut durer au maximum que quelques minutes. Des logiciels ludiques créant des mondes virtuels sont en cours de développement, les possibilités d'induction de sentiments, d'émotions et même de pensées vers l'utilisateur se révèlent énormes. Les publicités, par exemple toucheront avec plus de profondeur. Sur votre site, cher Guillaume, il sera possible de déguster vos sandwichs avec un réalisme total, goût et odeur y compris. Et je ne vous parle même pas du cinéma et du porn...

Membre de l'OctoChrist : Vous connaissez l'identité du hacker et comment il s'est fourni ?

John White : Les analyses de NetPolice sont fragmentaires du fait de l'absence quasi-totale de données.

Ambroise émit un son de victoire et d'auto-satisfaction.

John White (poursuivant) : Son nom pourrait être Capitaine Red. Et là où cela devient véritablement intéressant c'est que ce nom a conduit NetPolice à faire un rapprochement avec Bauhaus.

Ambroise émit un son de blessé à l'agonie.

Membre de l'OctoChrist : Voilà qui semble particulièrement opportun.

Guillaume Barrière : ?

Membre de l'OctoChrist : Bauhaus, voyez-vous Monsieur Barrière, est l'homme pour qui agit Douglas Makoid. Sa véritable identité nous est encore inconnue mais cela ne saurait durer. Makoid vient de dérober un objet très précieux, une pierre que l'Organisation a la charge de garder. C'est pourquoi elle n'est pas représentée ce soir comme il l'aurait fallu, étant donné qu'elle est en train d'agir.

Je me sentis à mon tour accablé par un poids. J'étais sous les feux de la rampe, face à des organisations mondiales.

Guillaume Barrière : Qu'a-t-elle de particulier cette pierre ? C'est le plus gros diamant du monde ?

Membre de l'OctoChrist : La fonction de la pierre ne vous regarde pas Barrière. Sachez seulement qu'elle constitue une pièce maîtresse dans le maintien du dispositif qui permet à votre empire de subsister.

Nous tenions enfin un indice sur l'utilité de la pierre. Cela restait encore très vague mais nous savions désormais que l'acharnement qu'ils montrent pour la récupérer n'est pas lié à la valeur intrinsèque du caillou mais plutôt à l'utilisation que l'on peut en faire.

Membre de l'OctoChrist : Savez-vous comment ce Bauhaus a obtenu les données ?

John White : Étant donné la haute-sécurité qui entoure l'élaboration du cyberspace, je ne vois qu'une fuite. Cependant, cela signifie que l'indicateur est quelqu'un de haut placé, ce qui est terriblement dérangeant.

Ambroise de Mort : Les méchants sous-estime toujours leurs adversaires. Bien sûr que j'ai craqué ton système, nabot !

Membre de l'OctoChrist : Un indice sur l'identité du traître ?

John White : Pas la moindre encore, je le crains. NetPolice traite la requête.

Je ne sais pas pourquoi mais j'avais dans l'idée que le moine savait déjà de qui il s'agissait. Cependant Ambroise se targuait d'avoir opéré en solo et je ne mettais pas sa parole en doute. La caméra surveillant la double porte d'entrée s'anima soudain d'un mouvement. Un type impressionnant entra dans la salle.

To be continued...