<$BlogRSDUrl$> <body><script type="text/javascript"> function setAttributeOnload(object, attribute, val) { if(window.addEventListener) { window.addEventListener('load', function(){ object[attribute] = val; }, false); } else { window.attachEvent('onload', function(){ object[attribute] = val; }); } } </script> <div id="navbar-iframe-container"></div> <script type="text/javascript" src="https://apis.google.com/js/platform.js"></script> <script type="text/javascript"> gapi.load("gapi.iframes:gapi.iframes.style.bubble", function() { if (gapi.iframes && gapi.iframes.getContext) { gapi.iframes.getContext().openChild({ url: 'https://www.blogger.com/navbar/6196991?origin\x3dhttp://mirrorworld.blogspot.com', where: document.getElementById("navbar-iframe-container"), id: "navbar-iframe" }); } }); </script>

21 March 2008

 

As Soon As #14 

As Soon As

Lucius #1

#13 - #12 - #11 - #10 - #9 - #8 - #7 - #6 - #5 - #4 - #3 - #2 - #1

La voiture, longue comme un cigare s'arrête à la hauteur de Dusk. L'habitacle ne contient que deux places et Lewitt tapote nerveusement sur le volant. Dusk se coule dans la voiture tandis que son blouson accroche un instant le rouge de la carrosserie. Tout autour pulsent les lumières colorées d'un shopping mall en plein air. Magasins high-tech proposant du design obsolète. C'est une putain d'œuvre d'art lâche Lewitt. Dusk le regarde un instant, envoyant d'une pichenette son mégot par la fenêtre. Une putain d'œuvre d'art, y'a qu'toi pour la copier. Je ne donne plus dans la copie, maintenant je développe mon style. La voiture s'engage sur un rond-point qui n'est autre qu'un cratère. Des fillettes se poursuivent en riant. Sandale soulevant de la poussière, mouvement de tête et cheveux dansants.

Les cheveux se lissent sous les dents du peigne. Le plat d'une main nettoie la condensation, un visage encadré de longs cheveux d'un bleu profond contemple sa beauté. Un nez discret et délicat, des lèvres fuselées, des yeux en amandes pailletés d'or. Les sourcils ne sont qu'un trait et les cils sont longs et recourbés. L'ensemble du même bleu que les cheveux. Le grain de beauté au coin de l'œil gauche est le seul signe d'asymétrie d'un visage à la longueur accentuée par les cheveux encadrant chaque côté. Yoon, soupire-t-elle déposant une tâche ronde de vapeur épousant le reflet de ses lèvres. Une main saisit un tube profilé à la teinte vermillon. Yoon se peint les lèvres, les rendant encore plus belles. D'un geste sec, elle dénoue la serviette qui lui ceint les hanches, masque le trait de toison bleu d'un string rouge au tissu brillant, gaine ses jambes de bas soyeux. Elle se tient alors un instant, les mains posées sur les seins, se cambre et lève lentement les bras en ondulant. Ses petits tétons bleus pointent malicieusement. Elle est vraiment aussi belle qu'on pourrait le rêver. Elle attrape un corsage et l'enfile d'un geste gracieux. Lorsqu'elle a fini le laçage, on s'aperçoit que ses seins sont remontés offrant un joli décolleté. Pour finir, elle noue une jupe blanche à la longueur inégale, laissant ça et là deviner la marque de ses bas puis chausse de longues bottes blanches aux lacets croisés. Elle prend une pose, jette un dernier regard dans le miroir et quitte la salle de bain.

Dusk capte le regard de Lewitt dans le rétro. Ses yeux sont injectés de sang comme s'il était stone. Tu vois, c'est que j'ai piqué un Lucius. Il est dans la mallette, là en dessous. Dusk fait un geste. Non n'y touche pas, on attend d'être arrivé. Un instant de silence, courbe gracieuse de la voiture. Devant, dans un coupé sport, un playboy blond ricane pour une belle aux tresses vertes. Carl s'est fait buter. Une larme cascade sur la joue de Lewitt. Nudge avait pas dit que ça s'rait si bien gardé. T'es pas en train de me foutre dans les emmerdes ? Je m'démarre une tranquille petite carrière sur Symetric Avenue. Tu veux pas voir la merveille des merveilles ? L'œuvre ? Toi, l'artiste qui n'a su que pomper les créations des autres. Dusk se la joue profil bas. Ce Lucius, personne ne l'a vu. Il l'a fini juste avant de disparaître. Ça peut te rendre riche, mec. Lewitt est fiévreux, choqué, sa langue passe sur ses lèvres sèches. Carl.

Une langue ronde au coin des lèvres, Yoon s'escrime contre la porte cochère qui décidément refuse de se fermer. Depuis la salle de bain, elle a ajouté à sa tenue un pardessus coupe garçonne au tissu plastique s'irisant au gré des néons comme une bulle de savon. La porte se ferme enfin. Yoon s'engage sur le trottoir d'un pas résolu. La foule glisse autour d'elle, gros plan sur une boucle d'oreille. Une musique tripante sort de nul part, Yoon semble se mouvoir en cadence. Une main aux ongles longs froisse l'étoffe d'un complet veston. Yoon s'arrête le temps de s'offrir un cornet d'amour à la myrtille. Sur les lèvres, un instant, une trace de fruit. Au coin de la rue, des jongleurs virevoltent. Dents blanches croquant la gaufrette. Une esquive, parabole de la balle qui tournoie de manière déconcertante et Yoon qui sourit. Enjoliveurs chromés aux reflets de chevilles et de nu-pieds. Yoon traverse le boulevard. Au loin la silhouette immense de la Lone Tower sur contre-jour de soleil couchant. Énorme croissant extrudé jusqu'au firmament. Chaque pointe pulse son laser aux teintes changeantes. Tour fluctuante. Yoon se sent bien, elle respire, son corps dégage une pâle iridescence. De délicates fumerolles de lumières prolongent chacun de ses mouvements. L'instant est sacré. Comme une connivence.

On s'envole en tournoyant. Les passants deviennent des fourmis. On découvre les artères de Villumière. Parfois rectilignes, parfois sinueuses. Arbres touffus / émeraude / pourpre / indigo. Des pluies de pétales volettent dans la brise accrochant sur leurs paillettes les lumières multicolores des bâtiments. Formes fantasmagoriques, mélanges de styles surprenants. Palais à l'ossature de fer industriel surmonté d'une coupole moghole. Pagode de verre et dentelle de pierre. Sur les replis irréguliers des parois du cratère, chaos de toits pointus. La Vieille Ville déploie ses ombres. Arbres noueux / tronc convulsé / racines entremêlées / feuillage éparse. Des âmes en peine déambulent en vêtements sombres et peau blafarde. Façades décalées comme sur le point de s'écrouler. Courbes brisées, asymétrie et toiles d'araignées. Les méandres des venelles rappellent ceux de la psyché.

On effectue une courbe, on se détourne le temps de jeter un œil aux reliefs tourmentés du château, pour s'approcher de trois collines boisées. Des hôtels particuliers s'entre aperçoivent au gré des feuillages.

Colonnades torsadées, pierre lisse et noire. Fenêtres hautes, étroites et gothiques. Ou petites, rondes comme un œil. Atlantes peinant sous l'effort. Bas-reliefs, corps enlacés. Sexe et violence / poumon traversé d'une dague / amants en train de s'aimer. Double porte de métal noir aux décorations baroques et dorées. Salle blanche, rideaux de dentelle. Un homme, complet anthracite, coupe incroyablement sobre, se tient dignement dans un fauteuil Louis XX. Visage émacié aux traits de prédateur, noblesse du port et catogan. Les mains glissées dans des gants de cuir fin sont jointes sur le pommeau d'une canne. Des miroirs en vis-à-vis se renvoient le reflet du Comte à l'infini. Il toise deux hommes se tenant debout devant lui. Costume blanc, guêtres, chapeau de gangster. L'un d'eux est albinos. Ses prunelles de feu semblent percevoir l'invisible. Kill them. Take it back. Leurs visages restent impassibles.

Le visage impassible du majordome acquiesce discrètement à la question de Lewitt. D'un geste lent, gant blanc, il indique le canapé rouge aux formes pleines comme des lèvres. Sur une table basse au verre dépoli sont déposés des rafraîchissements. Teintes étranges sous la lumière noire. Les pouces de Lewitt appuient simultanément sur les mécanismes de la mallette. Clac. Les doigts de Yoon craquent tandis qu'elle s'étire langoureusement. Bras tendus, drapé autour des reins. Nudge lui pose un baiser au creux du cou et se lève. Il s'habille en quelques gestes précis et efficaces tandis que Yoon soupire. Repose-toi, j'ai un rendez-vous mais je reviens t'asticoter, OK ? Elle répond cool d'une voix un peu lointaine.

Après quelques secondes, le regard de Dusk devient lointain tandis qu'il se perd dans la sphère transparente. Il plonge en elle et plus il s'approche, plus elle se déploie. Des vallées naissent depuis ses interstices, des lacs, des océans. Nuées d'oiseaux, troupeaux au galop. Un monde, un monde entier dans ses moindres détails. Des chaînes de molécules aux chaînes de montagnes. Il baigne dans cet univers, y plonge encore plus... Fusion ! Dusk fait corps avec l'ensemble de la création. Extase. Dans le canapé, le verre au creux des doigts, Lewitt observe Dusk. Il sait ce qu'il ressent, se doute qu'il perçoit plus, tellement plus que lui. Nudge entre dans le champ, il salut Dusk d'un signe de tête. Lewitt le fixe, hagard. Dusk revient parmi eux, il pleure. Une création dans la création. Ce monde existe, ce n'est pas une vue de l'esprit. Silence désolé. Je fais que du creux.

Yoon a un petit creux. Elle saute du lit, cheveux ébouriffés et se glisse dans son string. Un drap blanc en guise de toge, Yoon sort de la chambre. Les couloirs larges, moquette fleurie, vasques arrondies, sont ponctués d'œuvres d'art / peintures / hologrammes / sculptures. Variations de thèmes, sans cohérence apparente. Nus masculins, paysages cosmiques. Yoon s'attarde sur un papillon aux ailes d'argent. Elle esquisse un sourire. Nudge montre une esquisse. Un plan griffonné, difficile à comprendre. C'est comme ça que ça a commencé. Je suis tombé dessus et je l'ai voulu. Lewitt lui jette un sale regard, on peut le comprendre. Je possède trois Lucius de la dernière période. Ils sont fantastiques. Dusk se gratte le menton, il n'est pas là. Puis, Lucius a disparu. Hop ! Sans l'ombre d'une trace et c'est le Comte qui l'a eu. Des croquis, des équations, le papier est un peu chiffonné.

Le papier d'emballage soigneusement scellé ne résiste pas aux ongles de Yoon. La main plonge dans le paquet, elle ressort armée d'un amuse-gueule. Yoon dodeline de la tête, sur un rythme intérieur. On s'attarde sur la grande baie vitrée en verre bombé donnant sur une mer de toits et de lumières. Le ciel sombre est barré d'une nébuleuse aux teintes amoureuses. Un véhicule aérodynamique s'élève verticalement. La partie arrière pivote, lui donnant l'aspect d'une guêpe puis il disparaît vers l'horizon. Des œufs s'entrechoquent dans un tube empli d'eau bouillante. Couteaux soigneusement alignés. Yoon ouvre le frigo, contemple les pots, les boîtes, les sachets. Elle se décide pour des crudités. Tomate coupée en tranches, pain qui croustille. Un sandwich et un verre de jus d'orange. Une drôle de sensation, comme une présence. Yoon se retourne et sursaute en voyant les yeux rouges dans l'encadrement de la porte.

C'est pas la porte à côté, mais c'est une bonne planque, assure Nudge. Dusk est dubitatif, cette œuvre, il la convoite. Faire une copie, c'est une autre histoire. À quoi avons-nous à faire au juste ? Lewitt stresse sur sa cigarette, emplissant la pièce de bouffées névrosées. Une ombre, un homme vêtu de blanc, le visage fin et anguleux, pointe une arme dans leur direction. Clac. Le cliquetis d'une lame qui se déploie. Yoon pose son verre sur le plateau en fixant l'Albinos. On dirait que ses yeux s'agrandissent, que des étincelles s'y entremêlent. Yoon s'approche lentement, les pupilles rouges, les membres raides. L'Albinos l'enlace et pose la lame sur sa clavicule. Belle... si belle. Juste un murmure au creux de l'oreille. La lame caresse la peau, entaille le tissu.

Les jeux sont faits, rien ne va plus.

To be continued...


Comments:
Comme on aimerait recevoir une adresse email viable, ou bien des nouvelles ici, à Bonidé ! Bises
 
Mon adresse n'a pas changé, je t'envois un mail. Au passage, j'ai finalisé ASA 9 ans après sa naissance. Maintenant, c'est un roman en trois épisodes dont la publication du dernier vient de commencer.
 
Post a Comment

<< Home