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25 March 2007

 

As Soon As #9 

As Soon As

More Than Meet the Eyes #4

#8 - #7 - #6 - #5 - #4 - #3 - #2 - #1

Camille K notebook
Grasse matinée et brunch tranquille dans un petit restau. Bauhaus s'est encore fendu d'un petit délire, il semble faire tout son possible pour nous apparaître affable et disponible mais je crois que c'est parce qu'il s'en veut à mort. C'est la première fois qu'il foire sur une affaire et le fait de détenir la pierre ne semble qu'un piètre pis-aller à la mort de son ami et à nos ennuis.

Comme un malheur n'arrive jamais seul, sacro-sainte loi des séries, en rentrant, il s'aperçoit que l'appareil qu'il bricole vient de sauter. Case qui travaillait dessus n'a rien et c'est semble-t-il une chance. Il rumine dans son coin, le visage délicatement décoré de traces noirâtres renforçant son charme juvénile. Il faut les voir pleurer et se lamenter pour comprendre à quel point leur prototype leur tenait à cœur. Je prépare alors quelques remontants, cocktails d'alcool et d'épices subtilement dosés pour les réchauffer et calmer le choc psychologique.

Bauhaus s'est alors livré comme jamais je ne l'avais vu le faire. Il a expliqué à quoi semblait servir l'invention. Rien de moins qu'un ordinateur permettant d'explorer d'autres niveaux de conscience, une sorte de bardordinateur en somme. La science va-t-elle rejoindre les anciens savoirs aujourd'hui considérés comme irrationnels ? Ne perdant pas une seconde, Bauhaus et Douglas se sont lancés dans la préparation de l'expédition de ce soir. Pendant ce temps, je sors.

Visite à de vieux amis que moi seule connais. Cela faisait longtemps que l'on ne s'était pas vu et pour la première fois, je suis heureuse d'avoir enfin quitté ma planque monégasque. Je profite d'ailleurs de ces premiers moments de tranquillité pour rassurer la personne que l'on sait. Elle était inquiète mais pas trop car ce n'est pas la première fois que je suis dans l'obligation de garder un silence total durant quelques jours. Doute sur quelqu'un qui m'aurait suivie, visage étrangement connu dans la foule et me voilà illico dans une planque encore plus secrète que ma planque quotidienne. Plus d'un an que cela durait, je suis enfin revenue à l'air libre.

Je rentre pour trouver Douglas en tenue d'action, pratique et sexy. On voit que c'est une seconde peau en quelque sorte. Le sourire des grands jours et l'adrénaline qui se prépare à monter. Bauhaus s'est aussi fendu du déguisement mais l'assurance en moins. Le terrain n'a jamais été sa tasse de thé.

Flash-back

Un silence gêné suivit quelques instants le calme suivant la jungle qui venait de conclure ses rythmes frénétiques. Ambroise avait quelque chose à dire, il se ramassa quelques instants en lui-même, organisant à vitesse informatique ses pensées pour nous les livrer. Camille était en train de jouer avec les oreilles d'ASA. Ravi d'une telle attention, il rayonnait littéralement et une aura rose ponctuée de petites bulles bleues virevoltant jusque Camille donnait une lumière apaisante au salon.

Ambroise de Mort (s'éclaircissant la voix) : Hum ! Douglas, j'aurai une petite collaboration, hum ! À te proposer.

Douglas Makoid : De quoi s'agit-il, cher Ambroise ?

Ambroise de Mort : Résumons tout d'abord un peu le contexte. Il y a quelque temps, j'ai perdu la cargaison que je devais livrer à un client. Ces fouineurs de NetPolice ont foutu le nez dans mon chebec et j'ai du balancer les caisses à la flotte, formatage d'urgence. Du coup, le client réclame un dédommagement et il n'est pas du genre patient.

Douglas Makoid : T'as déjà perdu combien de doigts ?

Ambroise de Mort (regard dramatique) : Je les ai encore tous les dix (agitant les mains pour authentifier ses dires) mais ça ne durera pas. C'est pour ça que je propose de lancer le plan d'urgence.

Camille K (théâtral) : S'emparer d'un trésor enfoui dans une crique des Caraïbes ! Super capitaine ! Il fait beau par-là, enfin une plage sans mecs en noir…

Ambroise de Mort : Hélas, rien d'aussi romantique, troquons ça pour Euralille. Dans les fondations d'un des petits gratte-ciel se trouve une salle avec quelques coffres. Selon mes informations, dans l'un d'eux nous devrions trouver de quoi largement rembourser ma petite dette.

Douglas Makoid : C'est quoi ce coup-ci ? Un anneau magique qui nous mettra des cavaliers noirs aux basques ?

Ambroise de Mort : Non, j'arrête de déconner avec des trucs comme cette pierre, je vais faire dans le rationnel, c'est moins instable. Je compte dérober les plans d'un outil technologique qui sera probablement très utile dans mes recherches. Mon client se trouve versé dans l'art du hacking et je crois qu'une collaboration sur mon projet ne pourra que l'intéresser.

Fin du flash-back

Je me prépare moi aussi rapidement, d'autres amis à voir, suivi probablement d'un délassement nocturne. Je passe une petite robe que j'aime bien, tresse mes cheveux avant de souhaiter bonne chance aux hommes d'action. J'emprunte au passage un des parapluies de Bauhaus plus que nécessaire car la pluie ne s'est pas décidée à cesser.

Douglas Makoid Notebook
Je passais l'après-midi en compagnie d'Ambroise pour mettre au point les détails de notre expédition. Plan, minutage et inventaire du matériel. La préparation se doit d'être soignée avec attention car d'elle dépend toujours la réussite d'une entreprise. Il faut avoir sous la main de quoi parer à toute éventualité sans quoi un échec ou même la mort peuvent se pointer rapidement. Cela nous occupa jusqu'au début de la soirée, Ambroise tenant à re-vérifier sempiternellement les mêmes détails. Camille rentra durant la séance d'essayage et s'amusa de nous voir dans nos costumes de super-héros.

Elle repartit peu après, vêtue d'une robe rouge, moulante et courte laissant apparaître ses cuisses comme en cinémascope grâce aux bottes noires qui remontaient au-dessus du genou. Sa peau caramel était poudrée de soie ce qui lui conférait un aspect luisant. Sa chevelure était organisée en nombreuses tresses fines tournoyant à chaque mouvement de la tête. Comme bijoux ne se montraient que les piercings à l'exception d'une bague aux billes de jade. Elle passa d'un geste rapide un imper noir en cuir synthétique qui se resserrait à la taille achevant de féminiser sa silhouette. Avant de se glisser sous la pluie, elle fuma un stick coincé dans un porte-cigarettes en bois sombre sculpté de motifs cunéiformes tout en faisant de grands pas autour de nous, laissant les pans de son imper se gonfler juste ce qu'il faut. Elle nous embrassa chaudement, exprimant des vœux de réussite et quitta la demeure d'Ambroise d'un dernier petit signe de la main.

Ambroise nous fit une plâtrée de pâtes pimentées afin que nous ne manquions pas d'énergie durant l'opération et c'est la bouche encore vibrante de feu que je m'installais au volant de sa voiture aux vitres teintées.

Fondu au noir.

To be continued...

23 March 2007

 

Rubis, first picture 

Rubis, un film noir produit par EFD Studio

Rubis dans sa loge avant de monter sur scène

Ce film est le plus gros budget d'EFD Studio, en costumes et en décors afin de recréer l'ambiance des années 1940 aux USA. Le tournage doit s'étaler jusque fin mai, sortie le 12 juin 2007, exclusivement à Delhi, Inde.

22 March 2007

 

Au pays de la moustache 

La France et l'Inde ont décidemment bien des points communs : racisme, sensation d'être la plus grande nation au monde et la moustache. La photo ci-dessus en est une illustration criante: Michel Meuveux, réac de gauche, anti-OGM, partisan farouche de l'impôt sur les grandes fortunes et des avantages sociaux se fond dans le paysage indien de manière étonnante. Notez la couleur bien blanche de sa peau qui pourrait lui ouvrir toutes grandes les portes de Bollywood (la bourrée auvergnate est très tendance à Bombay.)

18 March 2007

 

As Soon As #8 

As Soon As

More Than Meet the Eyes #3

#7 - #6 - #5 - #4 - #3 - #2 - #1

Plus tard, dans le couloir

Tu sais Douglas, j'ai préféré fuir tout à l'heure, comme si, comme si, cela devenait soudainement trop intense. La connexion avec toi s'est refaite si facilement, j'en ai été aussi surprise que submergée.

Hey, Camille, parce que tu crois que te revoir ne me fait rien. Toute notre relation resurgit subitement en moi. Alors que, je ne veux pas dire que je t'avais oubliée, mais j'avais d'autres chats à fouetter. Courir l'aventure…

¿ Et les filles, Douglas ?

Oh, ça va, s'il te plaît Camille. Of course, depuis, ça m'est arrivé, et toi, tu n'as pas refait ta vie ? Normal, je n'y verrai rien à redire.

Mais, tout à l'heure, Douglas, j'ai apprécié la liberté qui nous habitait quand on s'est glissé sous la douche. Je veux dire, aujourd'hui, pouvoir faire ça avec toi, c'est grand. On n'en reste pas là, où depuis deux ans, je croyais en être restée. Une fuite, un refus.

¿ Un refus de quoi, Camille ?

Le refus, je crois, Douglas, d'accepter le fait que dans l'affaire, c'est mon amour-propre qui a été blessé et pas mon amour comme cela m'arrangeait tant de le croire.

Dis-toi, Camille, pour ma part, c'est le regret qui m'a travaillé. Regret d'avoir gâché une histoire dont je n'avais pas perçu, à l'époque, la lumière. Trop la tête dans les poursuites, les vols de haut vol, les rebondissements spectaculaires. Je vivais à 100 à l'heure, mais certainement sans cœur.

Normal, Douglas, quand on a un public, on perd un peu la tête. C'est grisant, il faut l'accrocher, perpétuellement l'intéresser. Je suis contente, en tout cas, qu'on discute comme ça, car derrière nos péripéties de roman feuilleton, je crois qu'on commence à découvrir une profondeur supplémentaire à nos vies. Alors, je suis heureuse de toujours t'aimer, j'y sens naître un sentiment de liberté, notre relation nous a rapprochés et à fait de nous de vrais et indissociables amis.

Encore un baiser échangé en lumière tamisée, la main de Camille caressant la nuque de Douglas et vice-versa. Un sourire, une étreinte, et voilà.

Cut.

Le lendemain, en fin de matinée, voilà Ambroise de Mort, Camille K et Douglas Makoid poussant la porte du Clair de Lune, un restaurant rue de Gand, proposant un brunch tentant. L'ambiance semble détendue, une musique douce habille les discussions. Ambroise de Mort pose son grand parapluie noir dans une jarre prévue à cet effet. Elle est déjà bien remplie et contient même une canne au pommeau décoré d'étoiles de métal. Ils dégustent bientôt tous trois de nombreux mets savamment préparés allant de la viennoiserie française au pudding anglais, du café brûlant au coulis de framboise. Ambroise de Mort monopolise bien évidemment la parole, se lançant dans une grande geste épique aux rebondissements multiples ayant pour point de départ la canne déjà citée. Il s'agirait d'une canne-épée donnée par les dieux et oubliée par les hommes. Camille K l'écoute d'une oreille apparemment distraite, l'esprit comme tapi en lui-même tandis que Douglas Makoid rit de bon cœur aux élucubrations pythonesques de son ami, tout particulièrement quand mimant un empereur gâteux, Ambroise de Mort, se lève subitement, empoignant son jus d'orange, en renversant la moitié sur son veston immaculé avec un air aussi surpris que désolé. Une serveuse accourt, ce n'est pas grave monsieur, mais la moitié du restaurant suit l'affaire avec intérêt.

Camille K notebook
La discussion/explication avec Bauhaus s'est prolongée un peu tard dans la nuit. Il est vrai que c'était utile mais ce genre de moments dure toujours trop longtemps. Il reste beaucoup à faire, beaucoup de mystères et c'est sûr, beaucoup de dangers. Enfin, je n'ai pas envie de m'étendre là-dessus. Ensuite, Douglas et moi, on s'est télescopés juste avant de se coucher, je ne suis pas mécontente de notre petit dialogue, il semble que les choses s'améliorent entre nous, non pas que je compte recommencer avec lui, j'ai la tête ailleurs maintenant, mais savoir, au fond de mon cœur, qu'il est maintenant avant tout un ami m'importe énormément. Il semble partager mon point de vue et je crois que la love story se conclue ici.

Bauhaus a demandé un coup de main à Douglas pour régler une petite affaire rapide, je ne serais pas de la partie, pas besoin de moi de toute façon. Ce soir, j'irais m'amuser un peu, ça me fera du bien. Il faut aussi que j'envoie un mail à qui je sais qui se fait certainement un sang d'encre, me croyant probablement déjà au fond du port de Monaco avec des poids aux pieds. Ça ne va pas simplifier cette histoire déjà un peu trop compliquée pour moi, mais je ne veux pas qu'elle soit gâchée par l'irruption de mon blondinet et de ses inévitables poursuivants. Merde, pour une fois j'atteignais un équilibre satisfaisant et durable. Me voilà à l'autre bout de la France, sans l'avoir voulu.

Je me fous de cette pierre à la con, de ses implications, même si à chaque fois que je la vois, je sens mon cœur se serrer sous l'effet d'une nostalgie impossible à réfréner. J'ai observé Bauhaus quand la pierre lui fut montrée : la surprise dans ses yeux, le souffle coupé, l'envie de posséder. Pas étonnant qu'ils veuillent la récupérer, elle sert certainement à dominer le monde ou je ne sais pas quel genre de conneries du même acabit. Moi, je reste dans le coin le temps qu'il faut pour réorganiser mes arrières et je lâche l'affaire, ce feuilleton, et ses protagonistes qui vont au-devant d'ennuis.

Douglas Makoid notebook
La soirée se prolongea fort tard, tandis que je détaillais mon aventure sans un seul baiser à un Ambroise hyper attentif, avant qu'à son tour, il ne me fasse part des tenants et des aboutissants dont il était à ce jour au courant. J'ai longtemps hésité entre vous faire l'inventaire détaillé de cette soirée ou la shunter en quelques mots. Soucieux de vous éviter une longue et fastidieuse discussion, je communiquerais les informations au fil du déroulement des événements, gardant ainsi une once de suspense bienvenu. La pierre est au centre de l'affaire, mais on ne sait toujours rien sur elle.

Flash-back

Je sortis la petite bourse blafarde de la poche de mon pantalon et la tendis à Ambroise qui l'attrapa avec respect. Il observa d'abord longuement et patiemment le velours avant de dénouer les cordons argentés. La pierre glissa d'un coup dans sa main, irradiant son corps d'un halo bleuté. Ambroise exhala un souffle mélangeant tristesse et douleur tandis qu'il contemplait les irrégularités du caillou si convoité. La vie semblait habiter le minerai, se diffusant, se propageant tout autour de lui, prenant presque possession du salon dans son entier. La jungle, sourdant des enceintes à dispositif holophonique, elle-même se transformait pour accueillir des harmonies étranges et magiques. Je me sentais un peu mal à l'aise de voir la pierre dans les mains d'Ambroise, c'est moi qui l'ai piquée après tout ! Je me vidais l'esprit de ces pensées, certain que la pierre elle-même me les induisait. Heureusement que je le fis car une image, aussi fugace que déstabilisante me traversa : Ambroise, sérieusement blessé, tandis que je décrispais ses phalanges blanchies pour récupérer l'objet de mon désir. Camille regardait ailleurs, jouant avec la sphère pierçant sous ses lèvres. Elle savait qu'elle aussi pouvait succomber. Ambroise rangea la pierre dans la bourse, à regret, mais comme soulagé de le faire.

Ambroise de Mort : C'est quoi ? (long soupir) C'est quoi, ça ?

Douglas Makoid (après un temps de silence) : Je n'en sais rien Ambroise, mais c'est puissant. Ce n'est que la seconde fois que je la contemple, mais je sens que je tomberai volontiers sous son emprise.

Ambroise de Mort : Elle dégage quelque chose de difficilement exprimable, quelque chose que je crois connaître mais que je n'arrive pas à retrouver. Bon, il est hors de question de l'examiner à nouveau, on finirait carrément par s'entre-tuer. Je crois que je vais réfléchir sérieusement avant de la confier à mon commanditaire. Je vais en toucher un mot à Richard.

Camille K : Et on peut savoir qui t'a demandé de lui fournir ce caillou ?

Ambroise de Mort : Je suis désolé Camille, tu sais bien que je ne peux te le dire, ça fait partie du deal, mais ne t'inquiètes pas, je suis loin d'être assez con pour donner ça au premier venu.

Douglas Makoid : Qui est ce Richard ?

Ambroise de Mort (esquissant un sourire) : Richard Debloque, un artiste mystique un peu fou. Il aura forcément quelque chose à dire sur la pierre.

Fin du flash-back

Le lendemain, après un succulent brunch dans un restau du coin, nous rentrâmes directement chez Ambroise, soucieux d'éviter le crachin insistant qui semblait ne jamais devoir s'arrêter. Case se trouvait dans le salon, en train de fumer une cigarette diffusant de nombreuses nappes de brouillard bleuté. Il regardait ses pieds d'un air sombre et son visage était maculé de traînées noirâtres.

Case (sans quitter ses pieds du regard) : Et bien voilà, Ambroise, il a pété.

Ambroise de Mort : Quoi ! Oh non ! (se précipitant vers Case) Ça va, tu n'as rien ? (observant le visage noirci de son collaborateur) Tu es brûlé ?

Case (d'un ton monocorde) : J'ai failli me cramer la gueule, mais c'est comme si je l'avais senti venir, j'ai fait un bond en arrière, et boum ! Je suis resté sonné quelques instants mais c'est plutôt à cause du décrochage catastrophe. Sganarelle m'a remit les pieds sur terre.

Camille et moi observions la scène sans rien y comprendre, de toute évidence, ils étaient choqués par ce qui venait d'arriver. Probablement une expérience qui avait foiré de manière inattendue.

Ambroise de Mort : Camille, Douglas, venez au labo, on va jeter un coup d'œil.

Case : J'ai dû utiliser un extincteur pour calmer les flammes, mais c'est le bordel, de la mousse partout.

Ambroise de Mort : T'en fais pas, le plus important c'est que tu sois en un seul morceau. Imagine ce qui aurait pu t'arriver si tu n'avais pas décroché à temps.

Nous suivîmes Ambroise dans les interminables corridors de sa demeure jusqu'à ce qu'il active d'un geste l'ouverture d'un panneau secret révélant une volée de marches s'enfonçant sous terre. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas rendu une petite visite au laboratoire d'Ambroise, sa fierté. L'escalier descendu, nous pénétrâmes dans une vaste cave voûtée aux briques petites et rouges. Un fatras d'appareils occupait le moindre recoin, sur les tables, un fouillis de feuilles éparpillées donnait la mesure de l'activité fébrile qui régnait en ces lieux. Ambroise avait encore ajouté des machines depuis la dernière fois que j'étais venu et ces dernières produisaient en rythme toute une série de sons mécaniques, du feulement d'un ventilateur refroidissant des processeurs évidemment expérimentaux au ping entêtant et régulier d'un appareil à la fonction indécelable mais aux écrans présentants des courbes hypnotiques en perpétuel mouvement. Une lourde odeur de plastique brûlé parfumait délicatement la cave. Au milieu de tout ce joyeux bordel, trônait sur son perchoir, un splendide perroquet, occupé pour l'instant à se gratouiller le plumage d'un safran éclatant. D'un mouvement instantané, il tourna son bec vers nous.

Sganarelle (voix particulièrement stridente) : Qu'on les passe par la planche !

Ambroise de Mort : Oh, c'est pas le moment, toi, pour une fois ferme-là un peu !

Sganarelle : Ah ! Ah ! Par ma barbe, le rafiot a cabané !

Haussant les épaules, Ambroise s'approcha du magma de mousse qui recouvrait le squelette fondu de ce qui avait du être un ordinateur expérimental. Il observa minutieusement l'étendue des dégâts, vérifiant la connectique chaotique, remontant jusqu'aux différents branchements avant de nous regarder d'un air infiniment las. Pendant ce temps, Sganarelle ne cessait de proférer ses phrases incompréhensibles, couvrant ainsi le cliquetis imperturbable des appareils encore en état de fonctionner. Case nous rejoignit à ce moment, des larmes dans les yeux.

Case : Ça marchait, ça marchait, c'était le pied, trop beau pour y croire, j'avais passé tellement de temps dessus.

Ambroise de Mort : On va recommencer. Tout reprendre à zéro s'il le faut, mais c'est pas ça qui m'arrêtera. (vers Case) Et le soft, tu as eu le temps de le tester ?

Case (rêveur) : oui, jamais vécu un truc pareil, plus réel que le réel. Le grand bond quoi, mieux que la matrice de ces primitifs du C-Mol. De quoi écraser leur cyberspace préhistorique !

Case se mit franchement à pleurer, encore sous le choc d'une expérience apparemment incroyable et intense. Ambroise lui tapota l'épaule gentiment. Ces deux-là travaillaient sur un truc qui devait en mettre plein la vue. Camille et moi, on se trouvait là, un peu cons, assistant à cette déroute sans pouvoir y changer quoi que ce soit, n'osant pas briser l'instant d'une phrase maladroite. Ambroise nous proposa de retourner là-haut, laissant derrière lui, le temps de se remettre, sa machine cramée et son perroquet au vocabulaire de boucanier.

Nous nous installâmes au salon et pendant que Camille s'activait à préparer des remontants soigneusement alcoolisés, Ambroise révéla les grandes lignes de son plan. Il travaillait initialement sur un projet de piratage du réseau que testaient quelques grandes boîtes multinationales. Ce réseau était bien plus évolué que le net dans le sens où il permettait de se projeter en son sein au lieu de rester devant un écran. Cette bonne vieille réalité virtuelle était en passe de devenir très réelle. En mettant au point sa machine, il s'aperçut rapidement qu'il avait créé un prototype encore plus évolué qui selon lui permettait carrément d'accéder à d'autres niveaux de réalités. Seuls de brefs surfs avaient été possibles mais il ne faisait aucun doute que Case et lui avaient accédé à bien autre chose qu'un bête espace électronique artificiel. Ils restaient cependant tous les deux prudents sur ce qu'ils avaient découvert car cela échappait complètement à tout ce qu'ils connaissaient. Ambroise refusa de livrer plus de détails et ce qu'il nous avait confié était inespéré vu son habituel mutisme. À se demander ce que Camille avait bien pu mettre comme ingrédients dans ses cocktails !

To be continued...

11 March 2007

 

Back on the tracks 

Just without a chai stain

One year warranty, siiiiiir!

 

As Soon As #7 

As Soon As

More Than Meet the Eyes #2

#6 - #5 - #4 - #3 - #2 - #1

Camille K notebook
Un mec mignon comme tout ouvre la porte en érable et on entre, laissant enfin la pluie derrière nous. Le collaborateur de Bauhaus répond au nom de Case, tiré de je ne sais quel bouquin. Comme d'habitude, la règle est de ne jamais révéler sa véritable identité. Les acolytes de Bauhaus débarquent toujours de nulle part, ils ont en commun une dévotion pour leur patron qui en échange leur voue un véritable amour. Leurs liens restent un mystère pour moi et je pense que Douglas n'en sait pas plus. En tout cas Case est très séduisant, un peu jeune peut-être mais j'aime plutôt ça.

Chez Bauhaus, tout est nickel, pas un poil de poussière, chaque chose à sa place et ce n'est pas très dur vu qu'il n'y a presque rien. Il travaille le dépouillement et le blanc. Son intérieur toutefois est toujours arrangé avec goût, le salon par exemple ne se permet que l'originalité d'un tapis épais aussi livide que le carrelage dans lequel on se reflète en entier.

Nous nous retrouvons enfin, il a la mine défaite, s'est fait du mouron pour nous et ne cesse de se fustiger pour la mort du gars qui a aidé Douglas à Marseille. Je dois dire que depuis que je le connais, c'est son premier faux pas. Je ne peux pas dire que je lui en veux, personne n'est à l'abri d'une erreur et si je veux être certaine de ne pas me retrouver dans ce genre de situation, je n'ai qu'à mener une vie plus rangée. Mais sans aventures, que serait ma vie sinon une longue suite morne de jours monotones ? De plus, et ce n'est pas négligeable, nos affaires sont vraiment lucratives.

La baraque de Bauhaus est beaucoup plus grande qu'elle n'y paraît vue de l'extérieur, c'est à croire qu'il possède un pâté de maisons complet. Toute une partie est réservée aux invités et j'allais pour quelques jours au moins retrouver ma chambre habituelle, son confort et sa panoplie d'appareils de haute technologie indispensable à la survie de l'occidental moyen !

Douglas Makoid notebook
Laissant Ambroise jongler avec les casseroles, Camille et moi prîmes possession de nos appartements, chacun sa chambre comme je le compris vite. Mais plutôt que l'un d'entre nous attende frigorifié que l'autre ait utilisé la salle de bain, nous décidâmes de partager la douche. Ce qui est appréciable avec Ambroise, c'est son souci du petit détail. Ainsi la salle de bain, à la prévisible blancheur et à l'austérité immaculée, contenait toute la gamme de produits que l'on puisse rêver d'utiliser pour sa toilette, du plus utile comme le savon, au plus subtile comme la gamme de shampooings convenant aux différents types de cheveux. Le tout bien évidemment garanti non testé sur les animaux, il ne manquerait plus que ça. Mais je m'égare et je sens que vous bouillez d'impatience à l'idée que je m'étende un peu plus sur la douche que je pris avec Camille !

Après avoir rapidement abandonné nos vêtements gorgés de pluie, nous nous abandonnâmes avec joie au délassement du jet brûlant. La douche spacieuse, à la grande porte vitrée coulissante, nous laissait la place nécessaire pour être à l'aise. En plus du pommeau classique, des tas de minuscules ouvertures sur les parois arrosaient nos corps sous tous les angles imaginables.

Vapeur Moiteur Douceur

Je commençais par laver délicatement la belle et longue chevelure verte de Camille, tressaillant légèrement à chaque fois que notre peau se touchait fugacement. Elle se cambrait malicieusement et j'avais toutes les peines du monde à ne pas laisser mon regard s'égarer longuement sur sa fantastique chute de reins. Mon travail terminé, elle se retourna et mit ses bras autour de mes épaules avec un léger sourire. Je préférai laisser mes yeux s'attarder sur les nombreux anneaux de ses oreilles par peur de tomber définitivement sous le charme de ses longs cils soyeux, de ses paupières en amande révélant l'émeraude de ses pupilles. Elle me massa tendrement les épaules un moment. Mon corps se détendait sous la caresse combinée de l'eau et de ses doigts. Je sentais à la fois le stress et les courbatures glisser et s'évacuer en bouillonnant, se mêlant à l'eau qui se perdait dans l'écoulement de la douche. Elle laissa descendre ses mains le long du dos, continuant le massage tandis que ses mignons tétons verts m'effleuraient avec une efficacité calculée. Elle coupa court subitement à nos rapprochements.

Camille K (sensuellement) : Voilà, p'tit gars, opération terminée !

Elle me vola encore un léger baiser,

Lèvres s'unissant un instant

Avant de faire coulisser la porte d'un geste décidé, d'attraper une grande serviette aux boucles épaisses et de se draper dedans comme en une soudaine réminiscence de déesse grecque. Affreuse Aphrodite, jouant avec mes nerfs ! T'inquiète pas chère Camille, moi aussi, je suis capable de te jouer des tours.

Je quittais aussi, presque à regret, la douche, frissonnant malgré la chaleur régnant dans la pièce. Camille me frictionna quelques secondes énergiquement, comme pour se moquer un peu de moi et disparu rapidement dans ses appartements.

Quelques minutes après, ayant enfilé un confortable pantalon de flanelle et un pull aux motifs abstraits aussi doux qu'épais, je retournais voir Ambroise, les narines titillées par une alléchante odeur de nourriture.

Camille K notebook
Pendant que Bauhaus nous prépare un de ses succulents repas, Douglas et moi prenons une douche tous les deux, une fois n'est pas coutume. Il me semble que son irruption aussi subite qu'inattendue ait réveillé les souvenirs encore un peu douloureux de notre ancienne liaison. Je lui en ai longtemps voulu car il avait stupidement gâché une relation qui jusqu'à ce qu'il préfère s'amuser avec une de mes amies avait été particulièrement agréable. Mais aujourd'hui je pense que c'est plutôt mon amour-propre qui a été blessé que mon amour tout court. Mais bon, depuis, de l'eau a coulé sous les ponts, j'ai eu mon lot de galères dont je me croyais sortie, bien à l'abri dans ma planque monégasque. Et puis j'avais aussi retrouvé l'amour auprès de quelqu'un d'autre qui doit d'ailleurs se demander où je suis passée, mais chaque chose en son temps.

Sous la douche, je me remémore la douceur de ses gestes et je ne peux bientôt que fuir quand je sens par tous les pores de ma peau que je ne le laisse vraiment pas indifférent. Voilà qui ne me ressemble pas, ces états d'âme aussi niais que bêtement romantiques. J'ai plus tendance à traiter ces sujets d'une manière toute pragmatique. Je te plais, tu me plais, on se lance. Quelque chose cloche, bye-bye et je n'ai pas l'habitude de me retourner pour un dernier signe de la main.

Je les rejoins dans la salle à manger, ils ont déjà mis la table et Bauhaus se pointe avec une quiche savamment élaborée, faite de fromage, de petits légumes, de quelques épices chatoyantes. Une salade en accompagnement et un subtil vin rouge à je ne sais pas combien la bouteille. Nous reculons le moment des explications, le repas n'est pas fait pour ça et nous échangeons juste quelques banalités entre deux coups de fourchette. Bauhaus, comme à son habitude me gratifie de gentils compliments sur la fraîcheur de mon teint et la pertinence de ma kurta pyjama. En fait, j'ai juste passé ça pour être à l'aise, mais cela semble le ravir. Étonnamment, Douglas ne lui jette aucun regard sombre, il approuve en hochant la tête, surtout préoccupé semble-t-il par l'alimentation de son clébard qui à quelques pas de nous semble se délecter, la truffe dans sa gamelle en porcelaine.

Bauhaus débarrasse la table en un tournemain, sans prétendre accepter notre aide et revient quatre secondes plus tard avec des coupes de sorbet à la poire. Le vin prend subitement une autre saveur mais se marie à la sensualité de la glace avec naturel. Nous passons au salon et tandis que je roule un petit buzz, Bauhaus sélectionne un disque de jungle un peu sauvage à mon goût.

Douglas Makoid notebook
Dans la cuisine suréquipée, Ambroise finissait de préparer une salade, ajoutant de petits morceaux de noix et des pignons de pin tout en surveillant avec une inquiétude non feinte le contenu de son four qui dégageait une si agréable odeur.

Douglas Makoid : Alors, qu'est-ce que tu nous fais de bon, Ambroise ?

Ambroise de Mort : Tatata, fous-moi le camp, ça ne se fait pas d'espionner les bonnes gens. Si tu veux te rendre utile va plutôt mettre la table, tu sais où est rangée la vaisselle ? De toute façon, il n'y a qu'un meuble.

Douglas Makoid : OK. Au fait, t'as pensé à As Soon As ?

Ambroise de Mort : Of course, comment pourrais-je oublier mon caniche favori ?

ASA lui jeta un regard ravi et vivement intéressé. Ambroise aurait mieux fait de se taire car maintenant, il allait devoir finir de préparer son plat avec mon chien dans les pattes, réclamant son repas sans jamais se fatiguer. Je le laissais se démerder avec, direction la salle à manger. J'optais pour d'étranges assiettes rectangulaires noires décorées d'un liseré blanc.

Je venais juste de finir de disposer les verres quand Camille arriva, elle aussi guidée par son odorat. Elle avait ramené ses cheveux en une longue tresse qui reposait sur son épaule droite, les arabesques de ses mèches se confondant avec le motif entrelacé d'un costume indien, dont je ne me souviens jamais du nom, d'un jaune pétant et constitué d'une chemise tombant jusqu'aux genoux recouvrant un pantalon bouffant. À ses pieds, de simples sandales laissaient entrevoir ses petits orteils si délicatement proportionnés. Je notais tout cela d'un coup d'œil rapide, soucieux de ne pas montrer trop d'admiration après le passage de la douche. Elle s'abîma dans la contemplation d'une gravure sombre représentant l'astre nocturne quand Ambroise arriva, un plat bouillant dans les mains que des maniques, de toute évidence bien trop fines, ne protégeaient pas de la brûlure.

Ambroise de Mort (après un soupir de soulagement) : Bon voilà, une quiche façon Bauhaus ! Je vais chercher la salade, installez-vous. Je crois qu'il va falloir laisser refroidir un peu. Douglas ? Tu veux bien déboucher le pinard, steup ?

Je me saisis de la bouteille qu'il m'indiquait du doigt et qui trônait sur le vaisselier. Un Gaillac, succulent petit vin, tout indiqué pour un repas végétarien. Je m'escrimais sur le bouchon et concluais l'opération d'un ploup sonore si doux à l'oreille.

Douglas Makoid (d'un ton très sympathique) : Tu en veux, Camille ?

Elle acquiesça d'un simple geste, sans ouvrir la bouche. Mais bon sang, qu'est-ce qui lui prend ? Je l'avais certainement froissée sans m'en apercevoir. Oh, puis après tout, elle n'a qu'à pas être aussi susceptible. Ambroise revenait, portant d'une main un grand saladier et de l'autre la gamelle d'ASA qui le suivait à la trace. Il la déposa dans un coin, laissant mon chien en faire son affaire, tandis qu'il proposa le saladier à Camille.

Ambroise de Mort : Ah, chère Camille, c'est vraiment toujours un plaisir pour moi que de t'avoir à ma table, tu y apportes tant de beauté et de finesse, la fraîcheur de ton teint n'a d'égal que la pertinence de ta kurta pyjama.

Kurta pyjama, voilà le nom de ce costume indien, décidément Ambroise sortait le grand jeu ce soir. À moins que depuis notre rupture, ces deux-là n'aient resserré leurs liens. Keep cool, ça fait deux ans que ça ne te concerne plus après tout. Et puis toi aussi depuis ce temps, tu as fricoté avec d'autres charmantes demoiselles. Je décidais de me concentrer sur la salade.

Camille K : Tu sais, Ambroise, une femme ne cherche pas forcément à se faire belle, en l'occurrence, c'est le confort qui a guidé mon choix.

Ambroise de Mort : Ne soit pas modeste, tu ne peux tout simplement pas t'empêcher d'être belle, quand l'accepteras-tu enfin ? Bon la salade vous va les amis ? Et le vin ? Laissez-moi le goûter (prenant le verre d'un geste expert, et scrutant la robe), hum, hum (respirant le bouquet puis se décidant enfin à le goûter). Excellent ! Je ne suis pas mécontent de mon choix.

Ambroise reposa le verre et se décida à couper la quiche avec sa dextérité habituelle. Un instant plus tard, une part fumante reposait dans chacune des assiettes. Ambroise, très motivé par son plat au fumet prometteur, nous engageait, Camille et moi, à partir explorer ses délices à grand renfort d'œillades gourmandes. Le silence s'installa, uniquement ponctué du claquement rythmé des couverts et de prévisibles éloges pour notre hôte au sommet de sa forme.

Le repas fut couronné d'un léger sorbet au saisissant goût de poire. La saveur se rappelant encore longtemps à mon palais tandis que nous étions déjà au salon pour une big discussion.

Cut.

To be continued...

05 March 2007

 

Terminus Nord 

Je vous invite à découvrir le nouveau court-métrage de Tristan Convert: Terminus Nord

04 March 2007

 

As Soon As #6 

As Soon As

More Than Meet the Eyes #1

#5 - #4 - #3 - #2 - #1

Calme, éternité. Lumière blanche, pureté absolue. Une bulle apparaît, elle se déforme mollement, comme un peu lourde. Pourtant elle semble absolument vide, constituée uniquement de parois fines et fragiles. On dirait qu'elle se rapproche, occupant maintenant un espace plus grand. À l'intérieur, un point de lumière minuscule s'allume, bientôt suivi par une infinité de compagnons.

Filaments nébuleux vibrant à l'unisson

La bulle se confond soudain avec le champ de vision. Grand plongeon. Une légère résistance se fait sentir puis la membrane est traversée. Derrière une vive luminosité devient lointaine. Les filaments de lumière s'organisent en patterns bien définis comme un corps spongieux étrangement organique surpris par l'œil d'un microscope électronique.

Un son serein, un souffle monte graduellement. Paix et lucidité invraisemblable, vision de l'univers avec un total recul. La Vie déploie ses plis, derrière tous ses méandres : l'harmonie. La musique se mélange étroitement, maintenant la cohésion. Plongée vers l'infini.

Au sein des filaments, des molécules tournent lentement. En voilà une, parmi des milliards d'autres, qui semble vouloir attirer l'attention. C'est un amas stellaire séparé par des nébuleuses aux couleurs nuancées.

Faisceaux de lumière parcourant les millénaires

Une galaxie déroule avec beauté ses bras spiralés autour d'un noyau diamanté. Une multitude d'atomes multicolores virevoltent les uns autour des autres. Presque à l'extrémité d'un pseudopode, un petit soleil. Quelques électrons décrivent des orbites sur le plan de l'écliptique. Zoom avant sur deux particules. Survol de la Lune.

Chaos de cratères, néons lointains d'une cité

Juste derrière, la Terre déploie sa majesté de teintes bleutées et sa vieille aura fatiguée. La planète abrite dans ses sillons une richesse exceptionnelle. La Vie se décline en d'innombrables combinaisons.

Éclats métalliques des satellites, frôlement d'une station spatiale internationale

Encore bien au-dessus de quelques rares nuages, les continents épousent les océans. Ici, l'ocre d'un désert, là, des montagnes non loin d'une mer. Et partout, des constructions. Rubans de goudron plus ou moins bien entretenus selon les régions, assemblage hétéroclite de villes millénaires. Voici l'Europe.

Entouré d'une campagne verdoyante, sur un bout de terrain presque plat, un nœud d'activité humaine agit comme un aimant.

Mélange d'architecture flamande et de petits gratte-ciel en béton bureaucratique

Un réseau de voies ferrées perce les habitations. Les rails convergent vers un cul-de-sac, grand hall métallique aux briques foncées, souvenir de la révolution industrielle. Un Train Super Rapide n'en finit plus de ralentir, s'aligne contre le quai, laissant enfin une foule disciplinée s'écouler depuis les multiples wagons. Une botte jaune, au cuir un peu usé, s'abat au ralenti sur le sol de Lille.

Cut.

Camille K notebook
Début de soirée, arrivée à Lille. J'ai laissé Douglas dormir, matant sans relâche le moindre gusse baraqué en costume noir. J'ose pas encore espérer que ces cons aient perdu notre trace. Depuis Lyon, on peut souffler. Il pleut et le ciel laiteux ne laisse pas entrevoir d'éclaircie. Une voix féminine un peu mécanique scande les départs et une foule pressée déambule sans cohérence apparente dans le hall fraîchement repeint de la gare Lille Flandres.

Nous quittons le TSR et avançons, tout en restant sur nos gardes, parmi les lycéens boutonneux, les affairés du portable et les conducteurs de petites voitures électriques. Pas de temps à perdre, nous ne savons pas combien d'avance nous avons sur nos poursuivants mais s'ils continuent à montrer la même ténacité que dans le premier épisode, nous n'allons pas avoir beaucoup de temps pour nous reposer. Douglas boitille et fait la grimace un pas sur deux. Je me souviens de ses yeux pleins de larmes contenues lorsque j'ai désinfecté la coupure et ses grognements quand il a enfilé à nouveaux ses vieilles bottes jaunes inusables.

Au passage nous sommes témoins d'un battage sans précédent, en face de l'opéra, pour la sortie de la dernière merveille de bouffe industrielle bâfrée à grande échelle.

Bauhaus crèche dans le Vieux-Lille, un quartier que je n'ai jamais beaucoup aimé malgré son architecture ancienne, trop de manteaux de fourrures au m², nous nous frayons lentement un chemin parmi les badauds à l'air absent et le flot ininterrompu du trafic aux vapeurs méphitiques. Nous passons devant Notre-Dame de la Treille et son fronton si moderne qu'il serait hasardeux de donner un avis tant son esthétique habille et déshabille à la fois le reste de la basilique. Pour l'instant, aucun signe de Mecs En Noir et c'est tant mieux, car je sature un peu de scènes d'actions.

Le clébard de Douglas trottine près de son compagnon adoré, certainement occupé à lui envoyer de l'anti-douleur psychique. Je n'ai jamais trop compris le pourquoi du comment de leur relation, ni l'origine des capacités pour le moins extraordinaires de ce caniche toujours ridiculement toiletté. Mais il paraît que l'auteur y attache beaucoup d'importance. Pour ma part, j'ai toujours été mitigée quant à mes sentiments vis-à-vis de ce chien, à quoi ça rime pour un héros de se trimballer avec cette boule de poil ? J'ai parfois l'impression que Douglas ne serait rien sans lui et je dois avouer qu'une fois ou deux, ce chien m'a aidée, lorsque dans une situation critique j'avais plutôt chaud aux fesses. C'est bizarre de se dire que l'on doit la vie à un chien, quelque part, ça me dérange.

L'adresse de Bauhaus n'a pas changé et après avoir traversé la typique place aux Oignons, nous nous engageons dans une ruelle aux pavés inégaux avant d'arriver à une porte que rien ne différencie des autres.

Douglas Makoid notebook
Le train s'était déjà quasiment arrêté, lorsque j'émergeai d'un sommeil de plomb, heureusement sans rêves. Les vitres épaisses du TSR étaient couvertes de gouttelettes ruisselantes aux multiples lueurs reflétant l'éclairage des quais de la gare Lille Flandres. Son hall, récemment rénové évoquait l'intérieur d'une baleine à l'ossature de métal. J'ai toujours eu un faible pour l'architecture industrielle et son maître : Gustave Eiffel. Le train s'immobilisa complètement tandis qu'une foule aussi pressée qu'hétéroclite se massait déjà près des sorties.

Mon corps était encore, malgré les soins attentifs de Camille, tout douloureux de nos récents exploits. J'espérais vivement que les MEN avaient perdu notre trace grâce à notre subterfuge lyonnais. J'avais abandonné la Tsunami à un acolyte de Bauhaus, afin qu'il la ballade loin de notre destination dans le cas fort probable où cette dernière ait été équipée d'un traceur par nos chers nouveaux ennemis. ASA était pelotonné sur mes genoux, diffusant une agréable et douce chaleur sur mes jambes endolories. Camille me regardait avec un air, je l'aurais juré, de tendresse contenue.

Camille K : Bon, p'tit gars, on va faire gaffe à nos arrières, si ça tombe, nous avons un comité d'accueil qui se fera un plaisir de nous conduire tout droit en enfer.

Douglas Makoid : Tu crois ? Je suis certain qu'ils sont en train de courir la campagne, à la suite de ma bagnole. Du moins je l'espère.

Camille K : L'espoir t'a toujours fait vivre, hein !

Je ne sais pas trop ce qu'elle entendait par là, mais je ne me sentais pas de taille à ce moment pour me lancer dans une vaste discussion. Déjà, elle se levait, accrochant la lumière diffuse du train de ses multiples piercings. Les voyageurs s'évacuaient lentement et nous nous mêlâmes à eux, dans l'espoir de passer inaperçus. Les quais étaient bourdonnants de l'activité des gens normaux, rentrant chez eux ou partant vers de lointaines destinations. Jolies jeunes femmes se protégeant de la pluie avec des imperméables seyants et des pantalons moulants, cadres rasés de près fonçant vers les wagons de première classe à grand renfort d'attaché-case, grands-pères peinant en traînant de gros sacs sur roulettes grinçantes. La frénésie tranquille d'une bourgade européenne pleine d'activité.

Nous traversâmes la gare, les yeux aux aguets, scrutant le moindre type en costard noir tout en espérant qu'il n'avait pas troqué sa panoplie de méchant pour un déguisement plus passe-partout.

Énormes pubs pendues au plafond vantant les mérites de cosmétiques à grand renfort de modèles savamment dénudés

Un enfant tenait gentiment la porte ouverte pour nous éviter de la prendre en pleine figure, je lui rendis son sourire avant d'émerger d'un pas encore boitant sur la place de la Gare, sa fontaine aux multiples jets d'eau et, bien sûr, une pluie fine mais entêtante qui nous aura bientôt mouillés jusqu'aux os. Ma veste noire cintrée n'était guère adaptée à ce type de climat, je regrettais déjà la douce chaleur qui avait baigné les premiers instants de l'aventure que je vous narre. Je commençais à me sentir plus à l'aise, ce qui est bien souvent le moment le plus dangereux dans la vie des gens comme moi, tandis qu'ASA diffusait sans arrêt une onde bienfaisante calmant mes courbatures.

Nous remontâmes lentement le boulevard Faidherbe en direction du Vieux-Lille. Il me tardait de retrouver ce bon vieux Bauhaus dans son antre agencé, à l'image de son nom, de quelques trop rares meubles aux lignes épurées. Dans une poche de mon pantalon en coton gris, la pierre mystérieuse dans sa bourse pesait étrangement lourd. Pas étonnant, après toutes les emmerdes qu'elle nous a values, je subodorais que ce n'était pas fini. J'allais assommer Bauhaus de questions dans le but d'éclairer ma lanterne mais aussi la vôtre. Après tout, pourquoi un petit bout de minerai valait que l'Organisation se donne autant de peine pour le récupérer ? Sans compter les systèmes de sécurités plus qu'évolués qui le protégeaient avant que je ne le dérobe avec talent.

Devant certains magasins à l'activité d'une fourmilière se tenait un nombre incroyable de mendiants, venant tous plus ou moins de ces coins chaotiques que la paix n'effleurait jamais. Des bribes de conversations pêchées au gré de notre progression évoquaient les derniers ragots de stars aussi vite consacrées qu'oubliées, les capacités incroyables de nouveaux gadgets high-tech déjà probablement obsolètes. Les préoccupations de tout un chacun, vivant dans un monde parfait, au sein duquel il ne vaut mieux rien changer. Je me sentais vidé, presque hargneux de voir cette continuelle danse vide de sens, mais j'attribuais cet état d'esprit atypique à mes récents déboires.

Passants disparaissant sous de grands parapluies

La place du Théâtre aux pavés formatés était le centre d'une intense activité. Des hôtesses en roller au type asiatique, la minijupe imbibée et le T-shirt rendu transparent par l'eau qui ne cessait de tomber du ciel lourd de nuages interminables, proposaient aux passants des petites boîtes en polystyrène renfermant le plus grand trésor du moment : le fameux Sushi-B™. Incroyable, elles étaient prises d'assaut par les piétons qui n'en croyant pas leurs yeux voulaient tous dévorer le nouveau sandwich de Barrière. Des tentes rouges et blanches aux armes de la société ne désemplissaient pas. Le slogan, dernière trouvaille d'un mind-storming fébrile s'affichait partout où le regard pouvait se poser.

Barrière, faire du blé avec le pain

Camille K (ton méprisant) : Quel maniaque a pu sortir un slogan pareil ?

Je ne répondis rien, tandis que mon pied blessé me faisait grimacer. Le pire ce n'est pas le slogan, c'est qu'une phrase pareille soit vendeuse. Mais la population apparemment n'était pas encore fatiguée de ce genre de mascarade à en juger par les bouches pleines de fast-bouffe au sourire ineffaçable. Les Lillois ont l'exclusivité mondiale de la sortie du sandwich, vu que Barrière est une boîte locale dont le succès fut foudroyant. La plus grande chaîne de restauration du monde, et ce, en moins de vingt ans. Tiens, d'ailleurs, sur l'estrade, voilà le maire qui s'apprête à se fendre d'un discours. Nous quittâmes l'effervescence avant d'entendre les premiers sonnets.

Le Vieux-Lille était en comparaison bien plus tranquille, les trottoirs minuscules laissaient toujours aussi peu de place aux marcheurs qui se devaient de slalomer entre les voitures. J'aime beaucoup ce quartier qui laisse, grâce à ses vieilles façades ouvragées, plus facilement imaginer l'aspect qu'avaient les choses durant les siècles passés. Et enfin de bon vieux pavés mal dégrossis au lieu des briques standards auto-bloquantes qui s'installent désormais partout. Camille tenait à passer devant Notre-Dame de la Treille, pour voir sa nouvelle façade. J'avoue que j'étais moi aussi curieux. La basilique enfin achevée arborait un fronton des plus original fait de larges dalles de marbre laiteux, d'une rosace résolument moderne, le tout entouré d'une tissure de fines tiges métalliques. Étrange, mais pas désagréable.

Je retrouvais avec bonheur la place aux Oignons au sein de laquelle je m'attendais toujours à voir surgir un fiacre et ses chevaux emplissant le petit espace de l'écho de leurs sabots. Le crachin faisait briller les pavés de multiples tâches jaunes provenant des lampadaires. Nous étions presque arrivés à destination, ce qui me soulageais car, non seulement, nous n'avions rencontré aucun méchant mais de plus j'avais hâte d'ôter mes vêtements dégouttants de pluie. ASA se mit à gambader joyeusement devant nous, lui aussi était content à l'idée de revoir Bauhaus. Nous prîmes la ruelle abritant le repaire de notre régulier commanditaire. Quelques pas de plus et nous arrivâmes enfin devant sa porte.

Caméra subjective, une main gantée de noir porte un mince cigarillo aux lèvres. De l'autre côté de la place, Camille K et Douglas Makoid viennent de dépasser le fronton de la basilique. La caméra s'engage à leur suite, avec les cahots caractéristiques d'une démarche humaine. Un discret bruit de pas presque complètement couvert par le crépitement régulier de la pluie est toutefois ponctué d'un claquement de canne sur le sol. La caméra reste à une distance plus que prudente de ses proies, jouant presque à les perdre. On entend même un petit rire grinçant quand, arrivant sur la place aux Oignons un tantinet trop tard, il n'y a plus personne sinon un homme pressé au pardessus beige. Panoramique, puis choix d'une direction, apparemment au hasard le plus complet. Bingo, voilà Douglas Makoid et Camille K qui pénètrent dans une maison anodine d'une petite ruelle aux pavés disjoints. Le cigarillo est terminé d'une dernière bouffée et jeté là d'un geste absent.

Un jeune homme vint nous ouvrir en souriant, je ne l'avais encore jamais rencontré, certainement un des nombreux acolytes de Bauhaus. Visage taillé à la serpe, mal rasé, cheveux courts.

Le jeune homme : Ah, salut, c'est vous, bon entrez, il vous attend. Déjà depuis (pause) un bon moment.

Il s'effaça rapidement derrière la lourde porte, en chêne je crois. Camille me précéda, nous étions enfin à l'abri, en sécurité et surtout débarrassés de cette satanée pluie. Le jeune homme flottait dans une combinaison pleine de poches gonflées d'un tas d'objets certainement très utiles. Son nez aérodynamique ressortait avec un léger manque de grâce, mais à part ça, il était très mignon.

Camille K : C'est quoi ton nom ?

Le jeune homme (d'une voix fière) : Tenons-nous en à Case, ça va comme ça ?

Douglas Makoid : ¿ Case ?

Case : C'est le type de Neuromancer, le cow-boy du cyberspace, mon ancêtre quoi !

Le héros de William Gibson souriait encore quand d'un simple geste, il nous invita à le suivre. Le hall aux murs blancs, immaculés, presque cliniques, était totalement vide excepté un portemanteau très design, mais d'une influence qui m'échappait, sur lequel étaient accrochés de nombreux parapluies, tous identiques, noirs, à la poignée ergonomique en caoutchouc. Une porte claqua, étouffant le silence de la maison et la voix de Bauhaus retentit avec force.

Bauhaus : Ah, ah ! Mes amis, vous voilà enfin, je me faisais un sang d'encre.

Nous venions à peine d'arriver dans le salon, toujours aussi blanc, meublé uniquement d'un canapé et de deux fauteuils assortis, d'une étagère à la sobriété exemplaire alternant livres et bibelots exotiques près de laquelle trônait un vaste écran plat accompagné d'un système multimédia haut de gamme, quand Bauhaus nous rejoignit. Son visage carré et agréable arborait des traits soucieux, son teint pâle contrastait radicalement avec sa chevelure rouge vive, coupée très court avec par-ci par-là quelques esquisses de vaguelettes qui laissaient imaginer des cheveux frisés s'ils avaient étés plus longs. ASA sauta jusqu'à lui, la queue frétillante de joie, il le caressa amicalement en le fixant de son regard pénétrant aux pupilles de feu. Puis il s'avança vers nous et prit Camille dans ses bras avec un long soupir de soulagement. Je l'étreignis à mon tour. Rien dans la vie ne vaut les retrouvailles avec ses amis, surtout quand on a frôlé la mort d'aussi près.

Case : Euh, Ambroise ? J'y retourne, j'en ai encore pour un moment de toute façon.

Bauhaus : OK, t'en fais pas, fait ce que tu peux et va dormir un peu.

Bauhaus, de son vrai nom Ambroise de Mort, était toujours aussi prévenant avec ses collaborateurs. Case s'éclipsa, nous laissant entre nous.

Ambroise de Mort (d'un trait) : Bon, il va falloir discuter sérieusement, on est dans la merde, et tout ça c'est de ma faute. Une putain d'erreur d'estimation et j'ai failli vous perdre tous les deux. Je suis impardonnable.

Camille K : Ça va, commence pas comme ça, on s'en est sortis, c'est ce qui compte non ?

Ambroise de Mort : Pas Deckard, je l'ai tué par manque de discernement, jamais je ne me le pardonnerai.

Douglas Makoid : Écoute Ambroise, il savait les risques qu'il encourait, comme nous tous, tu ne pouvais pas imaginer que ça déraperait à ce point.

Ambroise de Mort : Arrête, je sais très bien quelle est ma part de responsabilité dans l'affaire, laisse-moi penser ce que je veux. Deckard est mort, c'est impardonnable (longue pause, les yeux baissés). Je vais vous préparer un truc à manger. Pendant ce temps-là, prenez une douche pour vous réchauffer. C'est fini la Côte d'Azur, ici, c'est la pluie.

To be continued...