20 May 2009
Comme le fantôme d'un jazzman dans la station Mir en déroute

Ce court roman de Maurice G. Dantec sorti en janvier se dévore en quelques heures, comme un roman de gare dont il présente tous les attributs. Court, enlevé, intrigue simple, écrit en langage parlé. Une de ces bonnes vieilles histoires à la Bonny & Clyde. La cavale d'un couple enchaînant les hold-up, Du néo-Fleuve Noir. Mais c'est du Dantec.
Le couple est atteint d'un neuro virus créant des états de conscience modifiés, hallucinatoires, donnant des pouvoirs typiquement manga. Le tout dans un univers situé juste après demain dans lequel toutes les dérives sécuritaires embryonnaires ont pris pleinement corps. Un futur au réalisme déprimant, un monde que l'on expérimente déjà. Fichage des individus, France fasciste (pour votre confort et votre sécurité). Toute pensée sortant du cadre bien délimité déterminé par l'État étant désormais considérée comme du terrorisme.
Tout pense à croire que l'on retrouve le Dantec du 20ème siècle, le Dantec pré-baptême, pré-TdO. Pas du tout. Ce couple se retrouve connecté par le biais du neuro virus à la station Mir en déroute qui comme le titre l'indique est habitée par un fantôme. Le Dantec post-Villa Vortex refait surface à chaque crise du neuro virus. On retrouve le méta-Dantec, le Dantec du préfixe méta. Mais sans indigestion, savamment dosé, lisible comme dans un roman de gare.
Ce roman est le Dantec qu'on attendait entre tous, la fusion de ses différentes explorations, un récit savamment mené par un auteur atteignant la maturité. J'ai aimé ce livre de bout en bout, je me le suis distillé pour ne pas le terminer trop vite. C'est un peu le livre que je rêve d'écrire, sauf que je ne suis pas Dantec. C'est aussi le livre qui sera l'inspiration, je l'ai bien compris, de mon prochain roman: l'épisode 4 de ce qui fut As Soon As. Je suis en train de réécrire ce que j'ai déjà écrit car tout est devenu subitement obsolète.
Merci Dantec.